31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 08:44

J'ai trouvé le texte joli ,je vous en fait profiter.Dracip

Nous étions partis dans la nuit.

Père était venu me réveiller, il m'avait dit : "viens, il est temps" et docile, je m'étais levé et j'avais pris mon sac.
Il y avait si longtemps que nous nous préparions à l'exode, que je n'ai même pas senti mon coeur battre à ce moment-là.
J'en avais trop rêvé, j'avais trop repassé dans ma tête les mouvements, la main qui se penche avec naturel sur la poignée, le balancement de l'épaule pour que le sac se place dans mon dos. Et finalement, rien, c'était arrivé au milieu de la nuit, et c'est ensommeillé, l'esprit vide, que j'avais accompli ces gestes.
Mes pieds s'étaient glissés presque naturellement dans les sandales, et moins de deux minutes après que mon père m'eut tiré de mon assoupissement, nous avions quitté la maison.

Je n'ai pas jeté un seul regard en arrière.

A la vérité, j'étais encore trop peu éveillé pour prendre cette initiative. Assis à côté de Grand-Mère, je somnolais, profitant de sa chaleur humaine.
Mais j'aime à croire que si cela s'était produit en plein jour, si j'avais disposé de toutes mes facultés, je ne me serais pas retourné malgré tout.
Je n'aurais pas manifesté la moindre nostalgie pour cette maison dans laquelle, pourtant, j'avais passé toute mon enfance, qui avait résonné de mes rires et de mes larmes.
L'Heure était venue, et désormais, mes souvenirs n'étaient que des souvenirs.

J'ai essayé de rester conscient, mais le sommeil est fort attrayant pour les jeunes êtres, et la veille - ce pouvait-il que la veille encore notre vie ait pu être banale ? - je m'étais dépensé sans compter.
Je me suis éveillé quelque temps plus tard, alors que nous avions pratiquement traversé toute la ville.

La nuit était claire, et la lune nouvelle. Les étoiles formaient un chemin brillant dans le ciel, et j'ai entendu Grand-Mère souffler, telle une promesse, "Bientôt"...

Les rues étaient silencieuses, mais nous n'étions pas seuls.
La plupart des maisons avaient les portes grandes ouvertes, et les volets fermés. Parfois, la clef était encore dans la serrure, preuve - s'il en était besoin - que les habitants étaient partis précipitement.
Les rues s'emplissaient peu à peu, un jeune homme marchait le long du trottoir, portant encore un chapeau pointu d'anniversaire sur la tête, mais le sac dans le dos. Il avait dû être saisi au milieu d'une fête, mais il souriait, sans regret aucun pour ce qu'il laissait derrière lui.

Mais tous ne partaient pas. Certains restaient sur le pas de la porte, regardant, avec un bizarre mélange de crainte et d'envie, la foule sur le chemin de l'exode. Et d'autres ne comprenaient simplement pas ce qui me poussait, ce qui nous poussait tous ainsi, et ils nous fixaient, avec un ahurissement mêlé d'un vague mépris.
Et beaucoup dormaient, à l'abri derrière leurs persiennes closes, et demain tout aurait changé à jamais et eux l'ignoraient puisqu'ils dormaient.

Et peu à peu je m'exaltais, mon esprit bouillonait, je me sentais vibrer, en phase avec les autres, tendu comme les autres. Une étrange excitation s'emparait de nous tous, et nous, qui étions naguère des inconnus les uns pour les autres, nous avions l'impression de n'être plus qu'une seule famille, des amis intimes sur le même chemin.

Je ne sais pas qui a allumé le premier flambeau.

La lumière a d'un coup brillé, éclatante, de chaque côté de la route, chaque torche s'enflammant à notre arrivée, et nous laissions derrière nous comme un long ruban lumineux, Aryant Ol, le Chemin Radieux, qui accompagne ceux qui passent dans l'Autremonde...

Et j'ai pensé - fugitivement - que sans doute ceux qui dormaient ce soir trouveraient demain les lumières éteintes et les flambeaux consumés, et ne comprendraient pas, alors que tout était si clair. Et j'ai eu pitié d'eux.

Nous avons quitté la ville, progressé dans la campagne, et d'un coup mon ventre s'est serré, je me suis redressé brusquement, Grand-Mère m'a souri et Père s'est retourné pour dire : "Fils, tu as senti ? nous approchons..." et son visage semblait comme illuminé de l'intérieur tant ses yeux brillaient.
Ma main s'est refermée,  très fort, sur celle de Grand-Mère, et d'un coup je suis devenu impatient.

Mes yeux ont fouillé le paysage cherchant à le graver dans ma mémoire. Les arbres, le fossé, la route goudronnée, un virage. Un virage tout ce qu'il y a de plus banal, un virage que j'avais peut-être déjà pris, qui sait ? un virage qui aujourd'hui pourtant était différent c'était le passage, et la nuit partait, l'aube approchait, c'était l'Heure Bleue, le temps était venu.

C'est ainsi que, comme tant d'autres, je suis parti.

Avec l'aimable autorisation de..
Harmonie.
Site:http://sapientia.amanda.est.over-blog.com

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