HOMMAGE A SILVIA MONFORT
Née à Paris, très tôt orpheline de mère, la jeune Silvia fut mise en pension par son père, le sculpteur Favre-Bertin. Elle fit ensuite ses études secondaires au lycée Victor Hugo.
Pendant l'Occupation Maurice Clavel, dont elle fut l'épouse pendant sept ans, l'entraîna dans la Résistance. Elle reçut la Croix de guerre des mains du général de Gaulle, la médaille de la Résistance et la Brown Star medal qui lui fut remise par le général Patton.
En 1943, grâce à une rencontre avec Robert Bresson, elle débuta au cinéma dans Les anges du péché sous le nom de Silvia Monfort.
Puis Jean-Paul Le Chanois lui confia plusieurs rôles dans ses films, notamment celui d'Eponime des Misérables de Victor Hugo.
En 1963 Mandrin clôturera définitivement sa carrière cinématographique ainsi que sa liaison avec Le Chanois. Elle se consacrera désormais au Théâtre. Sa longue silhouette élégante, ses gestes mesurés, sa passion contenue, la firent remarquer par Edwige Feuillère.Les succès s'enchaînèrent alors pour elle avec notamment Andromaque en 1950, Electre en 1951, Eté et fumées de Tennessee Williams en 1953. Présentée à Jean Vilar, elle participa à la grande aventure du Théâtre National Populaire et aux premiers festivals d'Avignon.En 1972, Jacques Duhamel, alors ministre des Affaires Culturelles, lui proposa l'animation du théâtre d'une ville de province. Elle en accepta le principe à condition que ce fût à Paris. C'est ainsi que devenue directrice de théâtre en 1972 elle ouvrit "le Carré Thorigny ".Alexis Grüss s'installa avec son cirque dans le square voisin et créa avec elle la première école de cirque et de mime en France. C'est le 27 septembre 1979 qu'elle ouvrit le "Carré Silvia Monfort" dit aussi "Carré de Vaugirard ".
Elle restait fidèle aux tragédies classiques dont elle interprétait les grands rôles avec une prédilection toute particulière pour Electre, de Sophocle, et Phèdre, de Racine.
Elle meurt le 31 mars 1991 d'un cancer du poumon.
L'anniversaire de la naissance de Silvia Monfort en juin 1923, a été l'occasion pour la Biblothèque Nationale de rendre hommage à cette artiste qui marqua la scène française pendant un demi-siècle jusqu'à sa mort en 1991.
Née à Paris dans le Marais, rue Elzévir, très tôt orpheline de mère, la jeune Silvia fut mise en pension par son père, le sculpteur Favre-Bertin. Elle fit ensuite ses études secondaires au lycée Victor Hugo dont elle fut, dit-on, une élève brillante.
Pendant l'Occupation Maurice Clavel, dont elle fut l'épouse pendant sept ans, l'entraîna dans la Résistance d'Eure-et-Loir sous le pseudonyme de Silvia Sinclair, nom d'une colline qui domine Sète. Elle en gardera de solides et utiles amitiés. Maurice Clavel, lui-même originaire de Sète et normalien à 17 ans, deviendra professeur de philosophie au lycée Buffon.
Elle reçut la Croix de guerre des mains du général de Gaulle, la médaille de la Résistance et la Brown Star medal qui lui fut remise par le général Patton.
En 1943, grâce à une rencontre avec Robert Bresson, elle débuta au cinéma dans Les anges du péché sous le nom de Silvia Monfort qui sera désormais le sien, Silvia avec un "i" comme dans Marivaux. Puis Jean-Paul Le Chanois lui confia plusieurs rôles dans ses films, notamment celui d'Eponime des Misérables de Victor Hugo. En 1963 Mandrin clôturera définitivement sa carrière cinématographique ainsi que sa liaison avec Le Chanois. Elle se consacrera désormais au Théâtre.
Sa longue silhouette élégante, ses gestes mesurés, sa passion contenue, la firent remarquer par Edwige Feuillère dans La maison de Bernarda de Garcia Lorca en 1945. Elle incarna le personnage de la lectrice Edith de Berg dans L'aigle à deux têtes de Jean Cocteau.
Les succès s'enchaînèrent alors pour elle avec notamment Andromaque en 1950, Electre en 1951, L'île des chèvres de Ugo Betti en 1953, Eté et fumées de Tennessee Williams en 1953. Cette dernière pièce lui permit de rencontrer Léonor Fini qui débutait dans la création de décors de théâtre. Présentée à Jean Vilar, elle participa à la grande aventure du Théâtre National Populaire et aux premiers festivals d'Avignon. Le Cid, Cinna, Le mariage de Figaro assurèrent sa renommée. Sa beauté hiératique, la sobriété de son jeu et la qualité de sa diction faisaient d'elle une grande actrice.
Dans les années 60, Jean Danet, écrivain et metteur en scène, dirigeait "les Tréteaux de France" qu'il avait fondés. II s'agissait d'un chapiteau itinérant permettant de jouer dans n'importe quelle ville ne possédant pas de local pour le théâtre. Elle prit une part active à cette expérience de décentralisation culturelle, jouant chaque soir dans une ville différente, connaissant ce nomadisme qui ne la quittera plus. Elle chercha à faire jouer des pièces nouvelles, Soudain l'été dernier de Tenessee Williams, La putain respectueuse de Sartre en 1965, Les Rosenberg ne doivent pas mourir en 1969, tout en conservant le répertoire classique.
En 1972, Jacques Duhamel, alors ministre des Affaires Culturelles, lui proposa l'animation du théâtre d'une ville de province. Elle en accepta le principe à condition que ce fût à Paris. Elle choisit alors le quartier du Marais qu'elle connaissait bien pour y avoir passé son enfance. C'est ainsi que devenue directrice de théâtre en 1972 elle ouvrit "le Carré Thorigny ", Centre Culturel des Halles et du Marais, 8 rue de Thorigny, construit sous la forme d'un chapiteau par l'architecte Michel Day sur un ancien entrepôt de ferraille de 600 m2 au sol. Elle y créa une véritable entreprise culturelle, toujours â la recherche de spectacles neufs et variés où se succédaient comédiens, danseurs, musiciens, poètes et magiciens.
En 1973, le cirque Grüss s'installa en face, dans 1a cour de l'hôtel Salé. C'est au Carré Thorigny qu'Alain Decaux remit à Silvia la croix de la Légion d'honneur le 10 octobre 1973 tout en rendant hommage à sa passion pour le théâtre et à la volonté inflexible avec laquelle elle le servait. Elle sera officier des arts et des lettres en 1978 et commandeur en 1983. Mais en 1974 ce vieux bâtiment voué à la destruction fut démoli. Il fallut déménager et créer un nouveau centre d'animation culturelle dit "Nouveau Carré Silvia Monfort" au théâtre de la Gaieté lyrique, 66 rue de Réaumur. Cet immense théâtre était en ruine et la Sécurité refusait l'utilisation de la salle. La scène à elle seule allait être aménagée en une salle et une scène en attendant la rénovation des lieux. Alexis Grüss s'installa avec son cirque dans le square voisin et créa avec elle la première école de cirque et de mime en France.
Toujours désireuse d'initier le public à de nouvelles formes de spectacles et de faire un théâtre populaire, elle accueillit la compagnie Alain Germain, Guy Béart, les Mummenchanz, la danse buto, les ballets Russillo, des concerts pop-rocks et aussi des spectacles pour enfants. Elle organisa des expositions, des concours de danse, des débats. Son activité était inlassable. Pourtant en 1977 il fallut fermer ce théâtre pour une rénovation indispensable et elle émigra pour quelques mois au jardin d'Acclimatation du bois de Boulogne.
C'est le 27 septembre 1979 qu'elle ouvrit le "Carré Silvia Monfort" dit aussi "Carré de Vaugirard ", centre d'action culturelle de Paris, soutenue par Jacques Chirac alors maire de Paris et Pierre Emmanuel, poète et académicien qui approuvaient l'idée du chapiteau. Celui-ci fut construit avec l'aide du scénographe Bernard Jaunay dans les anciens abattoirs de chevaux de Vaugirard, 106 rue Brancion. Le cirque Grüss rejoignit le nouveau carré. Les caravanes colorées donnaient un air de fête à ces abattoirs désaffectés tandis que les anciennes écuries abritaient les chevaux et les éléphants, jusqu'en 1981, époque à laquelle Grüss, devenu directeur du Cirque National, rompra l'étroite association qui le liait à Silvia.
Le chapiteau fut dressé en contrebas de la rue. Il était en toile bleue opaque afin de permettre "... une variation infinie des effets d'éclairage. Les gradins étaient métalliques, les sièges en éventail autour d'un plateau de 150 m2, éclairé de plus de cent projecteurs permettant une visibilité parfaite de tous les coins de la salle. Tout aura été mis en place dans le temps record de quarante-cinq jours" (Françoise Piazza).
Pourtant ce n'était pas un lieu idéal pour le théâtre: la pluie tambourinait sur la toile qui claquait au vent, couvrant les voix des acteurs, le mât grinçait.., et le chauffage posait des problèmes!
Dans le nouveau joural, un journaliste, Jo Maximilien, implorait: "Pitié pour les artistes! Pitié pour les spectateurs! Messieurs que l'on nomme grands, dépêchez-vous de donner au carré les contours et l'enceinte qu`iI mérite. C'est une urgence culturelle".
Néanmoins avec son incroyable dynamisme elle anima pendant plus de dix ans le Carré de Vaugirard, poursuivant sa programmation pluridisciplinaire de spectacles nouveaux, recherchant les grands auteurs modernes : Jacques Audiberti dont La fourmi dans le corps avait inauguré le chapiteau, Maurice Clavel avec La terrasse de midi, Paul Claudel et La conversation dans le Loir-et-Cher. Les deux voies de Jean Cocteau, spectacle poétique et musical conçu par elle, fut le dernier spectacle qu'elle présenta, de juin à novembre 1989.
Elle restait fidèle aux tragédies classiques dont elle interprétait les grands rôles avec une prédilection toute particulière pour Electre, de Sophocle, et Phèdre, de Racine. Elle créa les Carrés musicaux et fit venir Frédéric Lodéon, Barbara Hendricks, Michael Rudy (le fils spirituel de Rostropovitch), le violoniste Ivry Gitlis, le danseur étoile Paolo Bortulozzi. La variété des spectacles, les horaires à toute heure du jour et de la nuit, les prix aussi, tout concourait à attirer le public le plus large malgré l'éloignement du quartier hors des circuits habituels des théâtres.
Lorsqu'elle apprit qu'elle ne retournerait pas à la Gaieté-lyrique dont les travaux ne seraient jamais réalisés, elle se lança en 1986 avec l'architecte Claude Parent dans un projet de transformation du chapiteau de toile en un véritable théâtre "en dur", recherchant en priorité le confort du public, à la fois visuel et acoustique et aussi le confort des fauteuils.
Grâce au maire René Galy-Dejean qui sut obtenir d'Alain Juppé, chargé des finances de la ville de Paris, les fonds nécessaires, le véritable théâtre fut construit sous la forme d'un "chapiteau de 23 mètres de haut, à 6 pans avec un triple enroulement du pavillon d'entrée qui se poursuit par le restaurant de sa table d'hôte. Le théâtre garde ainsi ta forme d'un chapiteau organisé en un système d'enroulement spiral"'. Elle écrivait le 7 mars 1989: "Ce sera mon théâtre. Incroyable quand même! Je ne connais pas un seul vivant pour qui l’on ait construit son théâtre, à son nom et sur mesure".
Claude Parent précise: "C'est elle qui avait conçu le plateau en pente qui avance dans la salle, le cadre de scène le plus dévorant possible, les fauteuils bleus de France posés sur des pentes que les règlements ont transformés en degrés, les loges spartiates et d'immenses passerelles suspendues qui apportent aux mots 1a lumière"... "C'est l'un des rares théâtres où l'espace des gradins permet de rejoindre son fauteuil sans avoir à faire lever la rangée de ses voisins" souligne Régis Santon, auquel fut confiée la direction du théâtre en 1991.
Elle n'aura pas le temps de le voir terminé. Elle meurt le 31 mars 1991 d'un cancer du poumon qui, opéré en 1986, évoluait déjà depuis plusieurs années.
Toute sa vie, Silvia Monfort même devenue directrice de théâtre s'est considérée avant tout comme une comédienne. Pourtant elle était aussi une femme de lettres qui a laissé six romans:
Peu de temps avant sa mort elle avait commencé à écrire La culture à l'abattoir dont elle n'a eu le temps de rédiger que quelques pages.
Danielle Netter, comédienne et amie fidèle, a fait paraître en 2003 aux éditions du Rocher un volume de lettres que Silvia échangea entre 1965 et 1991 avec Pierre Grüneberg qu'elle avait rencontré en 1963 et auquel la liait une passion amoureuse partagée. Elle l'épousa le 24 mai 1990. Absorbés l'un et l'autre par leurs vies professionnelles ils ne vivaient ensemble que quatre mois par an mais ils s'écrivaient beaucoup. Il fut pour elle un soutien essentiel. Cette correspondance constitue un journal précieux et émouvant. Il laisse entrevoir sa souffrance d'une vie de solitude et de séparations et son regret de ne pas avoir eu d'enfant. Silvia Monfort était une personnalité hors du commun, une femme de passion, passion pour 1e théâtre auquel elle a consacré sa vie. D'une beauté sublime pour les uns, trop étrange pour les autres, elle ne laissait personne indifférent. D'une prodigieuse activité elle a interprété 75 pièces de théâtre: Sophocle, Racine, Corneille, Kleist, Schiller, Beaumarchais, Shakespeare, Shaw, Garcia Lorca, Claudel, Supervielle, Clavel, Audiberti, Dürrenmatt, Cromelyn... Elle a assuré la mise en scène de plusieurs spectacles, ainsi Les Perses d'Eschyle en 1984, Iphigénie de Racine en septembre 1987, Théodore, vierge et martyre de Corneille et Les deux voies de Jean Cocteau. Elle a accueilli au Carré de Vaugirard de nombreux spectacles, le ballet Russillo, des danses de divers pays, des spectacles de magie avec Majax, des récitals de musique, des marionnettes, des expositions. Souvent, après le spectacle, elle organisait des dîners-débats avec les spectateurs.
Max Favalleli reconnaît en elle "une de nos comédiennes les plus extraordinaires. Sur son visage pathétique, immobile, passent toutes tes nuances de l'amour, de la haine, de la souffrance, de la duplicité : un miracle d’intelligence".
Son existence fut faite de rencontres enrichissantes : Maurice Clavel, Jean-Paul Le Chanois, Jean Cocteau, Alain Decaux, Alexis Grüss, avec pour partenaires: Gérard Philipe, Jean Vilar, Edwige Feuillère, Jean Marais, Alain Cuny, Michel Piccoli, Ralf Vallone, Françoise Christophe, Jacques Dacmine, Loleh Bellon...
Le Théâtre Silvia Monfort
En 1991 la ville de Paris offrit à Régis Santon la direction du Théâtre Silvia Monfort encore loin d'être achevé. Tout l'intérieur de "cette grande boîte vide" était à installer. Régis Santon avait lui aussi la passion du théâtre et les travaux réalisés selon les projets de Silvia Monfort furent effectués en un temps record, ce qui permit d'accueillir le public dès le 7 janvier 1992. La valse des toréadors, une pièce grinçante de Jean Anouilh avec Marie-France Santon et Anne-Marie Philipe, inaugura le théâtre situé "au coeur du parc Georges Brassens que gardent, figés dans le bronze, deux beaux taureaux. On s'y sent a l'écart de Paris, petit bout de province, jardin suspendu, belvédère, vigne grimpante et temps fainéant ", écrit Jérôme Garcin.
Le 30 mars 1992, Régis Santon et les amis, connus ou inconnus, de Silvia Monfort, organisèrent une soirée poétique et musicale en hommage à la comédienne disparue un an plus tôt. Guy Béart, Joseph Russillo, Jean-Pierre Kalfon, des représentants du cirque Grüss, le pianiste Youri Boukoff, le violoniste Ivry Gitlis, Alain Decaux, Jean Danet, Michèle Alliot-Marie en furent les principaux participants.
Depuis maintenant treize ans la compagnie Régis Santon assure une production classique chaque année. Des compagnies dramatiques s'y produisent régulièrement depuis que le théâtre de la Limousine vint la première fois en 1992-93 avec La nuit des rois de Shakespeare. La création contemporaine y est également présente chaque année, après les débuts avec L'heure du thé chez les Pendleburry d'Alain Didier-Weill. La programmation se caractérise par la pluridisciplinarité chère à sa créatrice. De nombreux concerts y commémorèrent les bicentenaires de la naissance de Schubert et de la mort de Brahms. Jean-Pierre Cassel, Francis Lemarque, Cora Vaucaire y rendirent hommage à la chanson en 1996-97, et en 2000 cinquante artistes chantèrent « un siècle de chansons ». La danse s'y illustra avec le festival Capital Danse et la venue de Carolyn Carlson. En 2001, l'Opéra Eclaté présenta une Carmen arabo-andalouse avec un orchestre qui mêlait les langues et les cultures. Et quelques jours par an, le plateau s'ouvre au Festival du Théâtre Lycéen pour les élèves qui ont choisi l'option théâtre dans leurs études.
Pierre Grüneberg maintient son intérêt pour ce théâtre. Il a créé avec Danielle Netter un prix Silvia Monfort, destiné à encourager tous les deux ans une vocation de tragédienne, contribuant ainsi à perpétuer la mémoire de cette grande actrice. Plus que jamais, le théâtre Silvia Monfort croise les genres et mélange les publics.
Source:http://www.theatresilviamonfort.com + wikipedia+
Pour les photos >>>>>>>>>>http://minotaure.centerblog.net