3 janvier 2009 6 03 /01 /janvier /2009 16:23

Les trois antilopes

(Afrique) 

Autrefois, il y avait moins de gibier qu'aujourd'hui. Les antilopes surtout étaient peu nombreuses. En fait, leur troupeau se résumait à deux femelles, si bien que les antilopes ne pouvaient pas se reproduire. Très malheureuses, les femelles n'arrêtaient pas de se plaindre, mais personne ne savait les conseiller ni les aider.
Ces plaintes incessantes agaçaient prodigieusement l'Esprit des Eaux, qui habitait la fontaine à laquelle les antilopes venaient s'abreuver. Exaspéré, il leur dit :
"Je suis las de vos lamentations. Je vous promets de transformer en antilope mâle le premier animal qui viendra boire à ma fontaine. Ainsi, vous serez trois. "
Heureuses, les antilopes se dissimulèrent dans les buissons pour guetter leur futur compagnon.
Voilà qu'un homme suivi de son fils arriva à la fontaine, et nos antilopes recommencèrent à se plaindre :
"Nous ne voulons pas d'homme ! "
L'homme dressa l'oreille :
" Quelles sont ces voix ? "
Mais le jeune homme, assoiffé, but à la fontaine sans plus attendre. Aussitôt, il se transforma en antilope sous le regard médusé de son père. Celui-ci comprit, cependant, ce qui venait d'arriver. Il soupira :
" Hélas, mon fils ! Si tu rencontres les hommes, enfuis-toi. Si tu croises les éléphants, sauve-toi. Mais si tu aperçois les antilopes, joins-toi à elles. "
Sur ces paroles, il s'en alla. Nos deux antilopes voulurent s'enfuir, mais le nouveau venu les rattrapa. Une nouvelle vie commença. Bientôt, les deux femelles eurent des petits, et le premier troupeau se forma. Depuis ce temps, les antilopes se multiplièrent au point qu'aujourd'hui nul ne saurait les compter.

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 19:52

 

 

LA BETE DU GRÉSIVAUDAN

 

 

Si la bête du Gévaudan, sans doute un loup énorme qui terrorisa les Landes de Lozère et du Cantal, appartient à la mémoire collective, le Dauphiné a eu également sa Bête.C'est à Lumbin , dans la vallée du Grésivaudan, au début du XVIII ème siècle qu'elle se manifesta pour la première fois.Vingt cinq poules avaient été cruellement égorgées.Le maître des lieux s'époumonait en dénonçant un animal dont il tenait une touffe de poils dans la main.Mais l'observation attentive de cette pièce à conviction innocenta les renards ,blaireaux et même les loups.Il s'agissait d'un animal inconnu et la perplexité des observateurs était décuplée par le fait que les traces laissées sur le sol ressemblaient à un mélange de pied humain et de sabot de chèvre: le diable en personne .
Des cas similaires furent signalés à Pont-de-Claix, Voreppe, Allevard.Bientôt, dans la mémoire collective, il ne faisait plus de doute qu'une bête hantait le Grésivaudan.Certains affirmèrent avec conviction qu'il ne pouvait s'agir que de la tragique histoire de ce berger des alpages de la Grande Valloire qui, mordu par un loup, s'était enfui dans la montagne et dont on était sans nouvelles depuis des années.L'affirmation selon laquelle un berger mordu par le loup verrait inexorablement son corps se transformer peu à peu en animal , n'était elle pas en train de se vérifier? Jamais on ne parvint à capture la Bête.Les pillages de poulailler et les mystérieuses disparitions cessèrent comme par enchantement et on ne parla plus de ce monstre qui, désormais venait d'entrer dans la légende.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 11:30

La Légende de la Pierre Folle

 

                                                  

     Il y a bien longtemps, à St-Priest-la-Feuille, un village près de la Souterraine, vivaient un paysan pauvre et sa fille. Celle-ci était tellement jolie que beaucoup de jeunes hommes voulaient l'épouser.

     Un jour, les jeunes gens du village se présentèrent un par un devant le paysan : des hommes beaux, grands, intelligents, malicieux, élégants…
     Mais tous revenaient terriblement déçus car le paysan voulait la marier à un homme riche. Il voulait que sa fille ne connaisse plus jamais la misère.

 

                                                   

     Mais un jour que le paysan partit se promener, il rencontra un jeune prince coiffé d'un chapeau à grandes plumes d'où dépassaient de mystérieuses pointes rouges, encapuchonné de noir et monté sur un cheval blanc.

          Son allure était majestueuse.

Il s'approcha du paysan et lui dit :
« Bonjour monsieur. Je suis le prince de la Clairière et j'ai entendu dire lors de mes voyages qu'une très jolie jeune fille était prête à se marier. Savez-vous où elle habite ?
- Bien sûr, je suis son père.
- J'ai fait un très long parcours jusqu'ici pour l'épouser. Je suis riche et je peux la rendre heureuse. Seriez-vous prêt à me donner sa main ? ».

Le paysan ne s'attendait pas à une proposition pareille de la part d'un prince.
Il se méfia tout de même, car il ne voulait pas que sa fille soit entre de mauvaises mains.
Tout d'abord, il répondit au prince :
« D'accord, mais avant de vous donner ma fille, je veux être sûr de votre sincérité. Prouvez-moi que vous êtes riche »
Le jeune homme, très confiant, se mit à rire à gorge déployée :
« AH! AH ! AH ! Bien sûr, je vous propose même un marché : Si je remonte le trésor qui se trouve sous la pierre folle de St-Priest-La-Feuille avant que le coq chante, votre fille sera à moi. »
Le paysan lui répondit : « Personne n'a jamais réussi à déterrer ce trésor, pourquoi y arriveriez-vous? »
Le jeune homme lui affirma qu'il en était capable. Le paysan pensa que l'offre du prince était bien tentante et le marché fut conclu.

                                                  

     A ce moment-là, la jeune fille du paysan arriva et ce dernier la présenta au beau chevalier :
« Prince, je vous présente ma fille.
- Mademoiselle, en guise de fiançailles, je vous offre ce collier d'or et de diamants. Prenez-le en signe d'amour.
- Merci infiniment, Prince ».

     Au centre du collier se trouvait un magnifique cœur étincelant.


                                               

     C'était la nuit de Noël et le jeune homme, assis à côté de la pierre folle, attendait le moment d'aller chercher le trésor, car il faut savoir que la roche ne bouge qu'au douzième coup de minuit.
     Dans la nuit glaciale, il s'endormit sur la roche en attendant qu'elle tremble... Tout à coup, il sentit des frissonnements bizarres dans son dos, c'était la pierre qui bougeait !
     Se réveillant en sursaut, il découvrit que la pierre cachait un grand trou.
L' homme y tomba.
                                  On entendit le bruit de très loin.
                                                                                       Cette chute l'assomma.

                                           

     Quelques longues minutes plus tard, il revint à lui et découvrit l'entrée d'un labyrinthe, et s'y aventura...

     Il marchait lentement et prudemment quand il entendit tout à coup CRAC !
     Il regarda au sol et vit qu'il avait marché sur un bout de bois. Celui-ci déclencha des centaines de flèches qui filaient partout . Il courut jusqu'à une porte déjà entrouverte .

     Ouvrant celle-ci, il vit un coffre à moitié enterré qu'il se dépêcha de dégager. Il se sentait pris par le temps parce qu'il en avait beaucoup perdu jusqu'à présent.

                                                  

     Pendant ce temps-là, la jeune fille et son père faisaient les cent pas devant la cheminée, impatients de savoir ce que contenait le trésor.

     Tout à coup, ils entendirent frapper violemment à la porte. La jeune fille alla ouvrir et découvrit tous les villageois affolés : « Nous avons appris qu'un homme est venu demander ta main à ton père, mais c'est avec le diable en personne que ton père a conclu le marché!
- Je ne vous crois pas! Pourquoi dites-vous cela? Vous êtes certainement jaloux.
- Ne sais-tu pas que seul le diable peut déplacer la pierre folle la nuit de Noël? »

Elle hésita un moment puis se rappela qu'elle avait vu des pointes bizarres qui sortaient du chapeau de l'homme.
N'étaient-ce pas les cornes du diable ?
Les villageois lui répondirent : « Mais bien sûr que ce sont les cornes du diable ! Fais quelque chose sinon tu seras à tout jamais sa femme ! »
Elle les crut alors car ils avaient l'air sincère : « il faut absolument l'empêcher de remonter avant le lever du soleil!! »

                                              

     A ses mots, elle se précipita près de la pierre pour voir si le diable avait fini sa mission. Angoissée, elle s'approcha du trou et vit le malfaisant remonter très péniblement les dernières marches. En fait, le coffre était très lourd et il était épuisé par cette aventure.
     Elle scruta le ciel et se rendit compte que le jour allait bientôt se lever. Elle se crut alors perdue : « Que pourrai-je faire maintenant ? Que vais-je devenir ? »
Son père, qui était près d'elle, eut une idée :
« Vite! Le diable est en train de monter les trois dernières marches ! Donne-moi ton collier ».
Le père se précipita au poulailler et projeta le reflet lumineux du bijou sur le coq.

Trompé par cette soudaine clarté, l'animal lança un sonore <cocorico>

                                                

     Le diable déposa avec peine le coffre sur le bord du trou. Mais en faisant ce geste, il glissa sur la dernière marche et tomba.
C'est alors que la pierre se referma sur lui. On entendit alors un hurlement épouvantable qui résonna jusqu'au village voisin. Heureuse d'avoir entre les mains un coffre rempli de mille pièces d'or et de bijoux, elle rentra chez elle en criant:

« Père ! Père ! Tu es là?
Nous sommes maintenant riches, j'ai pu récupérer le trésor qui était sous la pierre folle !
- C'est merveilleux ! Nous allons enfin pouvoir manger à notre faim et vivre à notre aise. Je n'arrive pas à y croire ! ....Au fait, qu'est-il arrivé au diable?
- Il n'a pas eu le temps de monter la dernière marche et la pierre s'est refermée sur lui à tout jamais. Nous sommes enfin débarrassés de lui »
.

                                                   

     De ce jour, le paysan fut heureux car il put acheter tout ce dont il avait besoin grâce au trésor qu'ils avaient récupéré. Quant au diable, chacun imagina qu'il avait disparu dans un nuage de poussière et de cris sous la pierre.
     Pour la jeune fille, ce fut moins heureux car elle ne put trouver un mari. En effet, elle demeura aux yeux de tous «la fiancée du diable ». Elle fut tellement malheureuse de ce destin qu'elle en pleura tous les jours de sa vie. Ses larmes interminables formèrent un petit ruisseau qui coule encore aujourd'hui au pied de la pierre folle.

Si vous visitez la région, vous pourrez voir cette pierre mystérieuse et en contrebas couler le ru.

Un trés grand merci à......
Source:http://champjl.chez-alice.fr

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 22:05
Jos Montferrand

À 27 ans, Jos Montferrand pratique tous les métiers de la coupe de bois: bûcheron, trappeur l'hiver, draveur au printemps...  Il apprend à vivre dans la nature, à lutter contre la forêt, à dompter les rapides. 

Dans un chantier concurrent, le patron a engagé des Irlandais.  Une certaine rivalité s'installe entre les Canadiens d'une part et les Irlandais d'autre part.  Tous costauds, rustauds, prompts à la bataille, les Irlandais avaient l'entrainement des chantiers et des cours à bois.  Si un concurrent voulait agrandir ses limites, ces Shiners , comme on les appelait, envahissaient le terrain, renversaient les estacades, disloquaient les radeaux et chassaient les ouvriers.

Un matin, 150 Shiners s'engagent sur le pont de chêne entre Ottawa et Hull pour rosser les Canadiens.  Mais ils ne traverseront pas la rivière.  Jos Montferrand l'a promis aux siens.

- Ils se dirigent vers le pont de chêne!

- Combien? demande Montferrand au guetteur venu l'avertir en trombe.

- Une centaine, même plus!

- Alors on va au-devant d'eux?  s'enquièrent les hommes attablés avec Jos à la taverne.

- «Je» vais au-devant d'eux!

- Fais pas le fou, ils sont 150; t'as entendu!

- Ils ne traverseront pas la rivière, je vous le promets.

Lorsque Jos arrive au pont, les Shiners en ont déjà traversé la moitié.  Ils avancent, en désordre, sans autre objectif que celui d'envahir la taverne hulloise.  Ils ne font guère attention à l'homme qui vient vers eux.  Mal leur en prit, car l'avant-garde est bien vite refoulée vers le deuxième rang qui la reçoit, ébranlée, étourdie ou assommée.  Du pied, du bras, Jos Montferrand propulse un Shiner à l'arrière ou empoigne un protestataire plus décidé, le soulève par la taille et le renvoie à ses compatriotes.  Une dizaine se retrouvent à l'eau et tentent tant bien que mal d'atteindre la rive où les Canadiens les refoulent.

- Jos a dit que vous ne traverseriez pas, allez-vous en de l'autre côté!

Exploit ou bravade, haut fait ou simple bataille, Jos Montferrand voit diminuer le nombre de ses adversaires.  Il avance tranquillement sur le pont fracassant quelques mâchoires et plusieurs tibias sur son passage.  Il pousse même l'audace de se pencher pour traîner un éclopé et aller le déposer sur la rive opposée, meurtrissant l'oeil ou l'épaule d'un témoin réfractaire.

- Et ce verre de gin, il est prêt?, demande-t-il à son retour triomphal à la taverne après une heure de «gymnastique».
 
 

Retour au sommaire des légendes

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 19:48

Les larmes magiques.

 

Il y a bien longtemps en Espagne dans un petit village appellé Una, un petit garçon du nom d’ Ignacio qui vivait heureux avec sa famille. Il passait ses journées à l’école et le soir jouait au chevalier avec ses amis. Ignacio avait huit ans et n’avait ni frère ni soeur et ses parents étaient paysans, sa mère cousait longuement.

 

Mais un beau jour, sa mère tomba malade. Son père dut l’accompagner chez le médecin qui habitait très loin et Ignacio dut rester seul à la ferme. L’après-midi suivant, il entendit des bruits suspects au grenier. Il monta prudemment et observa caché derrière une poutre. Il aperçut un vieux monsieur vêtu d’une robe noire qui parlait à des lapins. Voulant retourner chercher de l’aide il tomba soudainement. L’homme l’entendit et lui courut après. Son secret était découvert. Il proposa donc de lui laisser la vie sauve si Ignacio réussissait les quatre épreuves que l’homme lui imposerait.

La première épreuve consistait à aller chercher une fraise dans le jardin . pourtant c’était l’hiver. Terrifié par l’épreuve Ignacio le supplia de lui proposer un autre défi. Mais le vieil homme n’accepta pas. Ignacio se mit donc à sa recherche. Il n’en trouva aucune mais se rappela de ce que son père lui avait dit : « j’ai un endroit secret où j’ai toutes sortes de fruits . Il faut dire trois fois les mots « secrets de fruit » devant le cerisier.» Ignacio essaya et vit le tronc d’arbre s’ouvrir. Il entra et prit la fraise la plus rouge qu’il apporta à l’homme mystérieux.

Celui-ci fut très étonné du succès d’Ignacio et lui confia la deuxième épreuve : couper les tuyas en dix minutes avec la simple paire de ciseaux qu’il lui tendit. Ignacio se mit au travail mais le temps passait vite et il n’avait toujours pas fini. Désespéré il se mit à pleurer : soudain une de ses larmes tomba sur la paire de ciseaux qui lui échappa des mains et se mit à tailler les tuyas très vite. Il gagna cette épreuve.

La troisième épreuve était de construire une table. Il se souvint que sa mère lui avait dit que dans la cabane il trouverait tout ce dont il aurait besoin pour construire des choses. Il y trouva tout le matériel nécessaire et en voulant planter un clou, il se cassa le pouce avec le marteau. Il pleura de douleur, et une de ses larmes magiques tomba sur le marteau et le clou qui finirent le travail tout seuls.

La dernière épreuve était de réussir à ne pas pleurer en pensant à sa mère malade. Il essaya mais n’arriva pas à ne pas pleurer.

Or sa larme magique fit disparaitre le vieil homme et les lapins.

Son père rentra avec sa mère qui était guérie et trouva Ignacio endormi. Ignacio se réveilla et ne sut jamais si son aventure avait été réelle.

 

Texte sous Copyright.Reproduction Interdite

Auteur:Laura 10 ans

****************************

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 02:25
Rose Latulipe

Rose était la fille unique d'un dénommé Latulipe.  Celui-ci l'adorait, il tenait à elle comme à la prunelle de ses yeux.  Et, il va sans dire, Latulipe ne pouvait rien refuser à sa fille.

Rose était une jolie brunette, mais un peu éventée .  Elle avait un amoureux nommé Gabriel, à qui elle était fiancée depuis peu.  On avait fixé le mariage à Pâques.  Rose aimait beaucoup les divertissements, si bien qu'un jour de Mardi gras, elle demanda à son père d'organiser une soirée de danse.  Celui-ci accepta, bien sûr, mais il fit promettre à Rose que tous les invités seraient partis à minuit car ce serait alors le Mercredi des Cendres.  Il pouvait être onze heures du soir, lorsque tout à coup, au milieu d'un cotillon, on frappa à la porte.  C'était un monsieur vêtu d'un superbe capot de chat sauvage.  Il demanda au maître de la maison la permission de se divertir un peu.

-C'est trop d'honneur nous faire, avait dit Latulipe, dégrayez-vous , s'il vous plaît, nous allons faire dételer votre cheval. 
On lui offrit de l'eau-de-vie.  L'inconnu n'eut pas l'air d'apprécier la boisson offerte.  Il fit une grimace  en l'avalant; car Latulipe, ayant manqué de bouteilles, avait vidé l'eau bénite de celle qu'il tenait à la main, et l'avait remplie d'alcool. 

C'était un bel homme que cet étranger mais il avait quelque chose de sournois dans les yeux. 
Il invita la belle Rose à danser et ne l'abandonna pas de la soirée.  Rose se laissa subjuguer par cet élégant jeune homme habillé de velours noir.  Elle était la reine du bal. 

Quant au pauvre Gabriel, renfrogné dans un coin, ne paraissait pas manger son avoine de trop bon appétit.

Une vieille tante, assise dans sa berceuse, observait la scène en disant son chapelet.  À un certain moment, elle fit signe à Rose qu'elle voulait lui parler. 

-Écoute, ma fille, lui dit-elle; je n'aime pas beaucoup ce monsieur, sois prudente.  Quand il me regarde avec mon chapelet, ses yeux semblent lancer des éclairs.

-Allons, ma tante, dit Rose, continuez votre chapelet, et laissez les gens du monde s'amuser.

Minuit sonna.  On oublia le Mercredi des Cendres.

-Encore une petite danse, dit l'étranger.

-Belle Rose, vous êtes si jolie, je vous veux. Soyez à moi pour toujours?

-Eh bien! oui, répondit-elle, un peu étourdiment.

-Donnez-moi votre main, dit-il, comme sceau de votre promesse.

Quand Rose lui présenta sa main, elle la retira aussitôt en poussant un petit cri, car elle s'était senti piquer; elle devint très pâle et dut abandonner la danse. 

Mais l'étranger, continuait ses galanteries auprès de la belle.  Il lui offrit même un superbe collier en perles et en or: «Ôtez votre collier de verre, belle rose, et acceptez, pour l'amour de moi, ce collier de vraies perles.»  Or, à ce collier de verre pendait une petite croix, et la pauvre fille refusait de l'ôter.

Pendant ce temps, deux jeunes gens qui étaient allés s'occuper du cheval de l'étranger avaient remarqué de bien étranges phénomènes.  Le bel étalon noir était certes, une bien belle bête mais pourquoi dégageait-il cette chaleur insupportable?  Toute la neige sous ses sabots avait fondu.  Ils rentrèrent donc et, discrètement, firent part à Latulipe de leurs observations

Le curé, que Latulipe avait envoyé chercher, arriva; l'inconnu en tirant sur le fil du collier de verre de Rose l'avait rompu, et se préparait à saisir la pauvre fille, lorsque le curé, prompt comme l'éclair, s'écria d'une voix tonnante:

-Que fais-tu ici, malheureux, parmi les chrétiens?

-Cette jeune fille s'est donnée à moi et le sang qui a coulé de sa main est le sceau qui me l'attache pour toujours, répliqua Lucifer.

-Retire-toi, Satan, s'écria le curé.  Il prononça des mots latins que personne ne comprit.  Le diable disparut aussitôt avec un bruit épouvantable en laissant une odeur de soufre dans la maison.
...
Cinq ans après, une foule de curieux s'étaient réunis dans l'église, de grand matin, pour assister aux funérailles d'une religieuse.  Parmi l'assistance, un vieillard déplorait en sanglotant la mort d'une fille unique, et un jeune homme, en habit de deuil, faisait ses derniers adieux à celle qui fut autrefois sa fiancée: la malheureuse Rose Latulipe.
 
 

Retour au sommaire des légendes

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 11:57

*****************************


Il était une fois un prince qui voulait épouser une princesse, mais une vraie princesse. Il fit le tour de la terre pour en trouver une mais il y avait toujours quelque chose qui clochait ; des princesses, il n'en manquait pas, mais étaient-elles de vraies princesses ? C'était difficile à apprécier, toujours une chose ou l'autre ne lui semblait pas parfaite. Il rentra chez lui tout triste, il aurait tant voulu avoir une véritable princesse.

Un soir, par un temps affreux, éclairs et tonnerre, cascade de pluie que c'en était effrayant, on frappa à la porte de la ville et le vieux roi lui-même alla ouvrir.

C'était une princesse qui était là dehors. Mais grands dieux ! de quoi avait-elle l'air dans cette pluie, par ce temps ! L'eau coulait de ses cheveux et de ses vêtements, entrait par la pointe de ses chaussures et ressortait par le talon ... et elle prétendait être une véritable princesse !

- Nous allons bien voir ça, pensait la vieille reine, mais elle ne dit rien. elle alla dans la chambre à coucher, retira la literie et mit un petit pois au fond du lit ; elle prit ensuite vingt matelas qu'elle empila sur le petit pois et, par-dessus, elle mit encore vingt édredons en plumes d'eider. C'est là-dessus que la princesse devrait coucher cette nuit-là.

Au matin, on lui demanda comment elle avait dormi.

- Affreusement mal, répondit-elle, je 'n'ai presque pas fermé l'oeil de la nuit. Dieu sait ce qu'il y avait dans ce lit. J'étais couchée sur quelque chose de si dur que j'en ai des bleus et des noirs sur tout le corps ! C'est terrible !

Alors, ils reconnurent que c'était une vraie princesse puisque, à travers les vingt matelas et les vingt édredons en plume d'eider, elle avait senti le petit pois. Une peau aussi sensible ne pouvait être que celle d'une authentique princesse.

Le prince la prit donc pour femme, sûr maintenant d'avoir une vraie princesse et le petit pois fut exposé dans le cabinet des trésors d'art, où on peut encore le voir si personne ne l'a emporté.

Et ceci est une vraie histoire.

Note de Dracip:J'ai pas vérifié 

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 17:53

Les instruments diaboliques

Au XIXè siècle dans la vallée noire, la vielle et la cornemuse étaient considérées comme des instruments diaboliques. Ceux qui en jouaient avaient une réputation de sorciers: l'on prétendait qu'ils faisaient danser les vaches et les moutons dans les prés et que les poissons dans les rivières faisaient des bonds de deux mètres au-dessus de l'eau.

 

 Un homme dans la lune

Les paysans Berrichons voyaient dans la pleine lune l'image d'un homme portant sur son dos un énorme fagot d'épines.Cet homme,prétendaient-ils,devait rester là jusqu'à la fin des temps: Il avait ainsi été exposé au regard de tous les chrétiens parce qu'il avait employé son dimanche à "boucher" son champ...



 

Le casseu de bois

Le casseu de bois< serait un gnome à la longue chevelure de lichen et de mousse qui apparaîtrait le soir dans les bois.Son arrivée s'accompagnerait de bruits étranges de chouettes effrayées et de branches cassées, et, si le temps est calme, d'un rapide et surprenant ouragan qui raserait le sol et briserait les jeunes arbres



 

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 19:33

La Jacquerie de Champagne (XIV siècle)



Le
s deux paysans labouraient le sol avec application. Sans mot dire, ils creusaient les sillons qui, bientôt, recevraient la graine porteuse des futures récoltes.

Il faisait un soleil magnifique, mais l'air était encore vif. Le printemps s'annonçait tôt cette année là. Tout à coup, Rémi, que l'on surnommait «le Briard», parce que ses parents n'étaient point originaires de Landrecourt, mais étaient venus, une quarantaine d'années auparavant, de la région de Meaux, Rémi leva la tête, s'interrompit un instant et murmura:

«J'entends les chiens; la chasse vient de nos côtés.»  

Notre seigneur d'Ambrières entreprend de bien bonne heure ses battues. Pour sûr, il ne restera guère de gibier à l'automne, s'il détruit les couples dès maintenant. 11 ferait mieux, dit Rémi en hochant la tête, de nous protéger contre les bandes ennemies. Ces jeunes seigneurs ne songent qu'à leurs plaisirs.

- Il est poussé, dit-on, par son épouse, mais les vilains comme nous n'ont pas voix au chapitre...

- Comme dirait notre curé, conclut Rémi en reprenant la bêche. N'empêche qu'il finira par ne plus servir à rien de cultiver la terre. Les récoltes sont détruites avant d'être engrangées...

Pendant ce court dialogue, les abois s'étaient rapprochés. L'on entendait maintenant distinctement les cris des chasseurs, le galop des chevaux. Le sol en était ébranlé.

- Ils ont dû débusquer quelque vieux cerf de l'an dernier. La bête va prendre l'eau à la Blaise. Les voilà qui débouchent.

Les deux hommes aperçurent effectivement une troupe de cavaliers qui dévalait vers la rivière. Le bruit augmenta encore, puis s'atténua. Les chasseurs avaient passé le gué.

Rémi et son compagnon reprirent leur besogne. La chasse s'éloignait. Cependant, un instant plus tard, le galop d'un cheval se fit encore entendre.

- Quelque chasseur attardé...

Il avait à peine murmuré ces mots que des cris perçants leur parvinrent aux oreilles. Les deux laboureurs se regardèrent.

-il a manqué le gué... Il ou elle, car c'est une femme qui appelle.

Tous deux se précipitèrent. En quelques minutes ils eurent atteint l'endroit d'où partaient les cris. Au milieu de la Blaise, un cheval, visiblement désarçonné, tournoyait dans le courant qui l'emportait. Une jeune cavalière s'efforçait non sans peine de le maintenir, mais ne parvenait pas à calmer la bête.

- Tenez bon, cria Rémi, nous arrivons.

Et, se jetant à l'eau, il parvint en quelques brasses à saisir les rênes de la monture, à la calmer et à la conduire jusqu'au gué que les chasseurs avaient franchi auparavant. Ils gagnaient bientôt la terre ferme.

Alors seulement, Rémi regarda la cavalière qui hale­tait encore d'émotion. Il reconnut avec surprise la dame d'Ambriéres, l'épouse de son suzerain. Jamais il ne l'avait contemplée d'aussi près.

Celle-ci était tout honteuse d'avoir été vue par de si misérables laboureurs en si fâcheuse posture.

- Vous m'avez sauvée, leur dit-elle pourtant. Merci, bonnes gens. Et partagez-vous cette bourse pour vous récompenser.

-Dame, dit Rémi, nous ne sauvons pas un chré­tien pour quelques écus. Reprenez votre bourse et dites à Messire d'Ambrières, notre redouté seigneur, que nous ne demandons rien de plus que justice et protection pour ses tenanciers qui sont las de souffrir en silence. Étonnée de cette réponse et de ce refus, Germaine d'Ambrières regarda le paysan, secoua ses boucles toutes mouillées et piqua devant elle sans ajouter un mot, et en laissant à terre la bourse dédaignée.

Lentement, les villageois sortaient de l'église, Ils s'assemblaient sur la place autour de la grosse pierre sur laquelle montait le procureur de la fabrique pour procéder aux annonces.

Celui-ci venait d'apparaître, grave et solennel, tout important et fier de la charge qui lui était confiée et que lui valait sa science: il savait en effet lire, écrire et passablement compter. Ils n'étaient pas dix dans le village, en dehors du curé et du notaire, à en pouvoir dire autant.

Le procureur s'approcha de la pierre, se hissa dessus non sans peine car il n'était point agile, et déroula son parchemin. Tous les paysans se pressèrent et firent silence.

J'ai . reçu, dit l'orateur, un mandement de Mon­seigneur d'Ambrières. Je vais vous en donner lecture: « A tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.

 Nous, Guillaume d'Ambrières, baron de Saint­ Dizier, Sapignicourt et autres lieux, faisons savoir à tous manants, tenanciers et vassaux de notre terre, qu'à la requête de notre très haut et très puissant souverain, le Roi notre Sire, et en raison des guerres très rudes qu'il soutient contre son cousin ,le Roi d'Angleterre, il nous est ordonné de verser à Sa  Majesté une somme non petite. En conséquence, et  pour fournir cette aide, nous vous mandons et, par ces présentes, commandons de doubler, pour cette année seulement, toutes les tailles, crues et autres  redevances que vous avez accoutumé de nous verser. Notre prévôt veillera au paiement de ces redevances.  Et pour que nul n'en ignore, sera le présent mandement lu, dans toutes nos paroisses à l'issue de la grand'messe paroissiale. -- Donné à Ambrières, le lundi après la fête des Saints Apôtres Jacques et Philippe, l'an de grâce que l'on dit mil trois cent cinquante et huit, et scellé du sceau dont nous nous servons.»

Un long murmure éclata dès que le procureur eut achevé sa lecture.

-- Doubler les tailles ! Notre suzerain plaisante. Elles avaient été déjà doublées l'an passé. Nous n'avons plus un sol vaillant.

-Oublie-t-il donc que des bandes d'Anglais sont passées par chez nous, et ont ravagé nos villages? On ne nous a rien laissé.

- Pour cette année seulement ! On connaît la chan­son. On nous l'avait déjà dit l'an dernier.

- Et l'on ne peut plus rien vendre. Les foires sont arrêtées. Les bourgeois des villes s'enferment dans leurs murailles par crainte de l'Anglais. Les seigneurs s'enferment dans leurs forts châteaux. Et nous, les gens du plat pays, nous supportons déjà tout le poids de la guerre.

- On ne peut plus payer ! - On ne veut plus payer !

Qui avait proféré ce mot lourd de menaces? On ne sait, mais d'un cri unanime, tous répétèrent: «On ne veut plus payer!»

-Il faut faire connaître notre détresse au seigneur. Envoyons-lui des délégués...

La proposition remporta un vif succès. Trois ou quatre agriculteurs furent désignés. Rémi le Briard était parmi eux. Il passait pour un des meilleurs, un des plus sérieux et des plus hardis. II fut convenu que la délégation se présenterait dans le cours de la semaine au château et rendrait compte de sa mission le dimanche suivant.

Las, une semaine plus tard, les délégués n'avaient pas fière mine. Le premier, Rémi, prit la parole:

- Mes compères, nous n'avons pas reçu bon accueil... Monseigneur d'Ambrières a daigné à peine nous écouter. Il nous a brutalement refusé toute remise et nous a fait menacer par son prévôt de graves châti­ments si nous ne versions pas nos redevances jusqu'à la dernière obole.

- Et comment faire? fit rudement un solide gail­lard qui n'avait jamais rien dit. Les seigneurs sont trop exigeants. Est-ce de notre faute à nous si la guerre ravage le plat pays? Loin de nous protéger, ils rançonnent nos terres, ils vivent à nos dépens. Ils ont exigé des sommes énormes pour fortifier leurs châ­teaux et maintenant, ils nous abandonnent! Le Roi, notre Sire, est prisonnier des Anglais. Le dauphin, son fils, lutte vainement. En voilà assez. C'est à nous, les paysans, à prendre l'autorité et le commande -    

ment. Nous sommes las d'être ainsi maltraités.

- C'est vrai, dit un autre. Imitons nos voisins du Beauvaisis et du pays de Laon. Ils ont choisi un chef. Il paraît qu'il a nom Guillaume Karle. Ils occupent les villes. Ils se sont même emparé de châteaux. Allons, les gens de Champagne: montrons-leur que nous pouvons en faire autant.

Toute l'assemblée approuva ce discours. On décida d'envoyer des messagers dans toutes les paroisses en­vironnantes. Partout, l'annonce de la révolte fut accueillie avec enthousiasme. II faut dire que le mou­vement était général dans toute la contrée  les pay­sans étaient trop malheureux.

La date du soulèvement fut fixée, un plan de com­bat établi. Des chefs furent désignés par villages ou par seigneuries. Naturellement, pour celle d'Am­brières, Rémi le Briard fut choisi.

Il avait été convenu que les bandes marcheraient d'abord sur la petite ville de Saint-Dizier.

-- Tue, tue, pille, pille ! Par saint René, compères, la place est nôtre !

 

Les jacques attaquent la citadelle de Meaux ( miniature du XV siècle BNF Paris)

Les hurlements des paysans se mêlaient aux cris d'effroi des femmes et des enfants. La surprise avait été complète. La ville de Saint-Dizier avait été enlevée d'assaut par les « Jacques» - c'est ainsi qu'on com­mençait â les désigner du prénom de leur chef suprême  avant même que les archers royaux aient eu le temps d'esquisser un geste de défense. La plupart d'entre eux avaient été emmenés prisonniers. Ceux qui avaient voulu résister étaient pendus. Et déjà le prévôt de la ville  celui-là même qui devait exiger le paiement des tailles  se balançait au gibet de la cité.

Les paysans vainqueurs et tout exaltés par leur vic­toire se répandaient à travers les rues en réclamant â boire et à manger. Le premier moment d'effroi passé, ménagères et bourgeoises s'empressaient de leur don­ner satisfaction. L'on sortait des tables que l'on posait sur des tréteaux, au milieu des rues. On mettait en perce les tonneaux et, déjà, le vin de Champagne cou­lait à flots.

Mais les chefs prenaient bien soin de garder tête froide et intervenaient bientôt pour empêcher les hommes de se livrer à quelque immense beuverie qui eût compromis le succès. Aussi bien, la prise de la petite ville de Saint-Dizier ne constituait-elle qu'un exploit facile. Les véritables difficultés allaient main­tenant surgir.

 

Les jacques massacrent un chevalier ( miniature de XV siècle BNF Paris)

Car on pense bien que les seigneurs, avertis de ces émeutes, n'allaient pas tarder à réagir. Embusqués derrière les murs de leurs forts châteaux, ils pouvaient défier les assauts, en attendant qu'une occasion leur fournît la revanche.

Il est vrai que des nouvelles encourageantes pour les paysans affluaient de partout. A Senlis, les habi­tants de la ville avaient fait cause commune avec eux. A Saint-Leu-d'Esserend, plusieurs gentilshommes qui avaient voulu résister avaient été massacrés. A Pont ­Sainte-Maxence, des écuyers avaient été jetés dans l'Oise. De tout côté, les « Jacques» apparaissaient comme des vainqueurs redoutables.

Il fallait donc profiter de cet élan et de cette crainte qu'ils inspiraient. Dés le lendemain de leur entrée à Saint-Dizier, Rémi le Briard, dont les avis s'impo­saient à tous, fit décider qu'on irait mettre le siège devant le château d'Ambrières. N'avait-il pas une et même deux revanches à prendre?

Les choses n'allèrent pas aussi aisément. Guillaume d'Ambrières prévoyait l'assaut. Les paysans furent accueillis à coups d'arbalètes. Il s'en fit un grand massacre. Mais ils étaient nombreux et décidés. Ces gens de labour ne constituaient point qu'une cohue mouvante. Beaucoup avaient combattu avec les mi­lices paroissiales. Ils usèrent de précautions et de ruses. Bientôt un petit groupe put atteindre le som­met des courtines de la première enceinte. Précipiter dans la cour intérieure les défenseurs fut l'affaire de quelques instants. Bientôt, le lourd pont-levis s'abais­sait lentement au-dessus des fossés. En une irrésistible ruée, les bandes se précipitèrent dans le château:

« Montjoie ! Montjoie ! tout est nôtre», clamaient les Jacques.

A l'intérieur du donjon, Guillaume d'Ambrières et quelques serviteurs dévoués tenaient encore et fai­saient chèrement payer leur avance aux paysans. De fuir, il n'était plus question. Du moins, le gentil­homme voulait-il mourir en combattant. Cette satis­faction suprême ne lui fut pas donnée. Un groupe, se faufilant par-derrière, parvint jusqu'au seigneur et le précipita par la baie ouverte. Guillaume d'Ambrières s'écrasa lourdement sur le sol aux acclamations et aux hurlements de la foule.

Maintenant c'était le pillage en règle et les violences qui suivent l'assaut victorieux. Les Jacques précipi­taient les meubles par la fenêtre, brisaient ceux qu'ils ne pouvaient transporter, massacraient les derniers défenseurs, houspillaient les servantes et les valets:

« Sortez, sortez ! Nous allons bouter le feu là-de­dans.»

Cependant, soucieux, Rémi le Briard parcourait les hautes salles. Il cherchait quelqu'un. Tout à coup, il s'arrêta devant une lourde porte qu'il poussa douce­ment; à travers la pénombre des vitraux, il aperçut dans l'oratoire où il venait d'entrer, Germaine d'Ambrières qui priait agenouillée. D'un signe impérieux, il lui ordonna de le suivre.

- Vous voulez sans doute, lui dit-elle, me livrer à vos hommes et me faire massacrer, comme ils ont mas­sacré mon époux ?

- Dame, répondit Rémi, ce ton méprisant n'est plus de saison. Je ne viens pas vous chercher pour vous conduire à la mort, mais au contraire afin de vous sauver. Ne me reconnaissez-vous pas?

Surprise, la châtelaine regarda mieux le paysan.

- Ne vous souvenez-vous pas du laboureur qui vous a retirée d'une position difficile, il y a quelques mois, quand vous aviez manqué le gué de la Blaise? Ce laboureur qui avait osé jeter un regard sur sa suze­raine, vous l'aviez humilié en lui jetant une bourse comme un os à un chien. Il est devant vous aujour­d'hui et vous êtes à sa merci.

Germaine d'Ambrières détourna la tête sans ré­pondre.

- Mais les   « Jacques», comme vous les appelez, les «Jacques» ne font pas la guerre aux femmes. Je vous ai déjà sauvée une fois. Dût votre orgueil en souffrir de nouveau, je vous sauverai encore, car mes hommes en ce moment sont déchaînés et je ne sais ce qu'ils vous feraient si je vous abandonnais. Connais­sez-vous dans le village une femme sûre qui puisse vous accueillir et vous prêter quelque accoutrement de paysanne à la faveur duquel vous pourrez vous en­fuir?

-La Meschine, qui demeure prés de l'église, m'a toujours été dévouée.

- Bon, et sans doute pouvons-nous sortir d'ici sans traverser les poternes. Les châteaux de nos sei­gneurs ne seraient pas dignes de ce nom s'ils ne possé­daient quelque souterrain.

- Le souterrain existe ; on le gagne en descendant dans la cave qui est sous cet étage.

- Allons donc, car il n'y a pas de temps à perdre. Précédant Rémi, Germaine s'élança dans l'escalier qui déroulait ses tours, près de l'oratoire. En tâton­nant, elle gagna la cave et se dirigea immédiatement vers un orifice que cachaient des tonneaux. Aidée de son compagnon, elle en démasqua l'entrée. Dans l'ombre, on devinait les premières marches d'un es­calier.

- Allez, Dame, sans retard. Vous êtes sauvée main­tenant. Que Dieu et mon saint patron, Rémi, vous gardent !

-Adieu, Rémi, et... merci !

Le chef des paysans remonta dans la cour. Les paysans se préparaient à mettre le feu au château : - Où donc étais-tu, Rémi ? On te cherchait partout. - Je regardais s'il ne restait plus personne à l'in­térieur du château.

- Sais-tu que l'on n'a pas retrouvé la dame d'Am­brières ?

- Sans doute a-t-elle pu s'échapper au moment où nous nous sommes précipités à l'intérieur de la cour.

 

-Tant pis, elle ne perd rien pour attendre. Allons, viens; il est temps de rassembler les hommes. Déjà ils mettent le feu à ce repaire de nos anciens maîtres. Il faut diriger ailleurs nos pas.

Une épaisse fumée s'élevait en effet des baies. Les paysans avaient bouté le feu aux quatre coins de la citadelle. Une odeur âcre saisissait la gorge.

Les hommes se réunirent et reprirent en bon ordre le chemin du village, laissant derrière eux le château d'Ambrières en feu.

Les bandes étaient massées à perte de vue dans la plaine. Après avoir ainsi pillé et incendié villes et châteaux forts, les Jacques avaient fini par se réunir en une immense armée sous le commandement de Guil­laume Karle. Ils se croyaient invincibles. Et cette conviction les avait poussés à affronter sans crainte les hommes d'armes que Charles le Mauvais, le roi de Navarre, avait envoyés contre eux. Le risque était grand sans doute, mais s'ils étaient vainqueurs, la route de Paris leur était ouverte. Ils pouvaient se joindre aux bourgeois parisiens révoltés à leur tour, et imposer au Dauphin leurs conditions.

Les trompettes retentissant, Guillaume Karle et ses lieutenants, parmi lesquels se distinguait Rémi le Briard, étaient parvenus à mettre un peu d'ordre dans cette cohue mouvante. Leur tactique était primitive. Ils avaient décidé de charger en masses profondes.

Leur nombre devait finir par submerger les soldats du Mauvais.

Ainsi fut-il fait. Mais les soldats de métier avaient pour eux l'expérience et l'armement. Ils laissèrent s'enfoncer les paysans, puis se rabattirent sur les ailes, les enveloppant en un immense mouvement tournant. Affolés de recevoir les flèches de toutes parts, à droite, à gauche, par-derrière même, redoutant d'être pris comme dans une nasse, les paysans commencèrent à se débander.

Dès lors, ce fut pour eux le désastre. Pas de quar­tiers, avait proclamé le roi de Navarre. Tout paysan devait être massacré ou branché sans rémission. Seuls, les chefs seraient épargnés et emmenés captifs. On les réservait pour un supplice plus solennel.

La consigne fut exécutée. Des milliers et des mil­liers de paysans couvrirent bientôt le champ de ba­taille, «tant que le regard ne les pouvait dénombrer». A vingt lieues à la ronde, les hommes d'armes, encou­ragés par les nobles qui avaient bonne vengeance à exercer, brûlèrent les chaumières, torturèrent les Jacques, sans épargner les femmes et les petits en­fants : «  Il y eut plus de maux en ce pays que jamais n'en firent les Vandales et les Sarrasins», dit un chro­niqueur.

Guillaume Karle fut décapité un des premiers. Tous les chefs furent emmenés pour être jugés. Rémi le Briard se trouvait parmi eux.

La tribune avait été montée sur la Grand'Place du Pilori. Elle était très longue, très vaste, et pourtant, bien avant l'heure fixée, elle était entièrement remplie d'une élégante foule de gentilshommes et de dames venus de toute la contrée assister au supplice des chefs de ces maudits Jacques.

En face, sinistre, se dressait l'estrade: douze gibets en quinconce avaient été préparés. Oncques de mé­moire d'homme n'avait-on vu aussi importante exécu­tion.

Depuis le matin, le glas tintait lugubrement au clocher des Cordeliers voisins de la prison, pour les hommes qui allaient mourir. Mais maintenant, le son des cloches était recouvert par le bruit de la foule qui se massait le long des rues afin de voir le long cor­tège des condamnés et leur crier quelque injure au visage. Car ces bourgeois, ces artisans avaient eu grand effroi des paysans. Et maintenant, ils prenaient leur revanche.

A deux heures après-midi, escorté de quelques hom­mes d'armes, Monseigneur le bailli prit place au centre de la tribune. Déjà, le bourreau et ses aides, en robes rouges, s'agitaient sur l'estrade, vérifiaient l'ajuste­ment des poteaux, la solidité des cordes.

Enfin la vieille chartre s'ouvrit lentement. Pré­cédés d'un Cordelier qui tenait devant eux une croix, les douze condamnés apparurent à la file, liés entre eux.

Ils étaient vêtus d'une chemise blanche, pieds nus et corde au cou.

Un à un, ils montèrent sur l'estrade où on les délia. Rémi le Briard était le troisième. Sans paraître entendre les cris et les injures de la foule, il regarda sans trembler les potences, puis tourna les yeux vers la tribune.

Soudain, il eut un frémissement: au premier rang, Germaine d'Ambrières jetait les yeux sur lui. Grave­ment, Rémi la contempla à son tour.

Alors, la châtelaine détourna légèrement la tête, comme si ce muet reproche l'importunait et la blessait. Sans mot dire, Rémi le Briard s'abandonna au bourreau.

 

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 07:33

Mourou la panthère et la chèvre (Conte burkinabé)

 


Les exploits sanguinaires de Mourou la panthère étaient devenus si populaires dans la brousse que le gibier se faisait rare. Le portrait du félin, son allure, ses habitudes étaient identifiés, communiqués aux oiseaux, aux reptiles, aux herbivores et aux rongeurs. Partout où le carnivore passait, tous fuyaient devant lui. Ainsi privée de nourriture, Mourou la panthère mourait lentement. Maigre, chancelante sur ses pattes affaiblies, elle décida un jour d’aller habiter le village de l’Homme.

Elle l’atteignit la nuit et fut accueillie par le chat qui veillait. Elle fut logée dans le creux d’un vieux tronc à proximité de l’enclos de la Chèvre. A l’aube, le chat vint saluer sa visiteuse chargée d’un plat de souris. Mourou avala ce plat avec dégoût. Durant les jours qui suivirent, elle eut à se contenter de plats de la même espèce, parfois de poulets ou de quartiers de viandes dérobées.

- Il me plaît mon neveu de connaître les mœurs de tes cohabitants, sollicita l’étrangère auprès de son hôte.

- L’Homme mon maître, enchaîna-t-il, est l’animal le plus rusé et le plus intelligent. Il marche sur deux pattes, possède un bâton qui tonne et foudroie de loin. Le Chien qui ressemble au Loup suit le maître sur ses traces et surveille le village. Il a des crocs puissants. Le Cheval aussi grand qu’un Zèbre sert de monture au maître. Il a des coups de sabot meurtriers. L’Ane, fort, trapu, sert de bête de trait. La Vache, apparentée au Buffle donne du lait. Le Porc, dodu, massif et agressif, à l’allure du sanglier lui donne sa chair. De tous, seule la Chèvre est inoffensive et accueillante.

Mourou se lécha les babines satisfaite.

- J’irais donc visiter la Chèvre. Elle y alla.

- Salut ! Paisible animal, fit-elle. Je viens solliciter ton hospitalité.

-Sois le bien venu dans ma maison, O gros chat répondit la chèvre. Tu vivras de mon lait.

La panthère et la Chèvre vécurent ensemble pendant des mois. Décidée à exécuter un odieux projet qu’elle mûrissait, Mourou demanda à partir.

- Avant de te quitter, scellons une amitié dans le mélange de sang, suggéra-t-elle à sa bienfaitrice. Je ferai une saignée à ton cou, une autre à l’une de mes pattes. Nous recueillerons le sang que nous mélangerons pour boire tous les deux. Par cette alliance, les tiens et les miens connaîtront la paix et l’entraide durant des siècles.

Sans méfiance, la Chèvre tendit le cou. D’un coup de mâchoire, la Panthère l’étrangla et l’emporta toute saignante. Depuis lors, Mourou la Panthère ne cesse de visiter la nuit les enclos à chèvres pour renouveler cette alliance.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Dracipe27
  • : Débuter avec Word,Excel,photos numériques,trucs et astuces basiques pour débutants,Windows XP.Citations.Humour et blagues gentilles.Infos pour découvrir.Actualité positive du monde.Biographie hommes célebres.Contes et légendes.
  • Contact

Citations

  Rives des songes.MFD.Jipé (2)

Parc du Chateau de la Motte TILLY

 

 

La reconnaissance vieillit vite.

Aristote 

 

J’ai fait un rêve dans le temps passé
Quand l’espoir était brillant
Et que la vie valait la peine d’être vécue
J’ai rêvé que l’amour ne mourrait jamais.
Les misérables

 

Pensées du jour

La patience guide l'espoir en terrain inconnu.
 
L'espoir est une lumière dans un océan de ténèbres.
 
BSS.CB.JP (13)
 
Quand il n'y a plus d'espoir il y a encore un petit espoir
 
 
 
 
 
 

Le champ du monde

 

Pour s'inscrire Cliquez
 ---------------------------------------------------------------

Réfléchissons !!!!

Visiteurs d'ailleurs

Compteur installé juillet 2010 

 

 

 

 

visiteurs from aout 2007

Visiteurs "Uniques"




Toutes les photos marquées

Dracipe27 ou Antoine,

Maguy ,Mary ,

et Le mauricien


sont ma propriété. Respectez mon travail.
Si l'une d'elles vous plait,
demandez moi l'autorisation avant.