19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 07:28

Sira et le sorcier

 

Il était une fois dans la savane Ouest Africaine une belle fille. Elle s’appelait Sira. Sira était belle comme l’aurore. Elle avait les dents blanches on dirait du coton au soleil. Sira avait un cou droit, une poitrine bien dégagée. Les perles qu’elle portait autour de ses reins chantaient et louangeaient sa beauté et son charme. Bref Sira était tout ce qui peut évoquer chez un homme l’envie de la posséder, de l’épouser, de la garder jalousement au fond de sa case.

Quand Sira était enfant, elle avait un ami du nom de Bani. Bani et Sira avait grandi ensemble et étaient très proches. le village les appelait mari et femme s’était tissé une certaine connivence entre les deux familles. Elles s’assistaient mutuellement pour bonnes et aux mauvaises causes.

Les deux enfants s’étaient aimé et lorsqu’ils sont devenu grands tout le monde au village a compris le sens de leur amour a décidé de les marier. les nonces furent célébrées avec la bénédiction de tous les parents et dans la foie des amis. Mais, il y avait une seule personne qui n’avait pas pu contenir sa jalousie vis-à-vis de ce jeune et beau couple. Il s’agit du sorcier Tura. Tura était très fort dans l’art occulte. Il avait comme compagnon de tous les jours Satan en personne. La présence de ce compagnon de malheur se manifestait par les faits suivants : Tura était toujours survolé par le vautour à la couronne blanche. Il avait toujours les yeux rouges et ne dormait jamais le jour.

Lorsque les noces furent célébrées, Tura entra en action. Sira eu la nuit conjugale de terribles maux de tête. La deuxième nuit, les maux de tête persistaient ainsi que la troisième et la quatrième nuit. A la cinquième nuit, aux maux de tête virulents s’ajoutaient les maux de ventre que Sira sentir jusque dans le dos et dans ses hanches. Elle transpirait, criait, pleurait, souffrait. Sira fit appeler sa mère à qui elle tint ce langage :

- mère, peux-tu m’aider à trouver un remède à mes maux ?

- ma fille, je vais réunir tous les marabouts et sorcier de notre contrée. Si je dois y mettre toutes mes économies, je le ferai pour toi mon unique enfant chérie.

- maman, la famille de mon mari commence à perdre patience, je te prie de sauver mon amour et mon mariage.

- je le ferais, mon enfant, et s’il le faut , je sacrifierai ma personne pour lever ce malheur qui te frappe.

La mère de Sira réunit alors tous les marabouts et sacrifia la quasi totalité de son troupeau de bovins. L’opération ne fut couronnée d’aucun succès. Elle répéta quatre fois. Rien. Sira la fit appeler encore. Ses douleurs persistaient. Elle était devenue très maigre et avait perdu tout son charme à cause de la maladie. Ses belles soeurs avaient commencé, contre elle, une vaste campagne de délation. " Quelle est cette quenouille qui est toujours couchée sur un lit de mort ? "

Une semaine plus tard, la famille du marié envoya le griot en le chargeant de faire lever le mariage de Sira et Bani. Le mariage n’était pas consommé, la famille de Sira était tenue rembourser les frais essentiels prévus à cet effet. Sira fut emportée la même nuit, comme un bébé à califourchon, dans la case de la mère. Elles pleuraient toute la nuit ensemble. Sira jura alors d’épouser l’homme qui la guérira de ses maux. Sa mère lui dit :

-ma fille, j’ai dépensé toute ma fortune pour ton bonheur. Je le jure sur mes ancêtres que tu épouseras l’homme que tu aimes.

La nouvelle du divorce annoncée, Tura le sorcier se présenta très tôt le matin devant la case de la mère de Sira. On sentit sa présence à cause de son odeur nauséabond et du vol des vautours. Il rassura la mère et la fille de ses bonnes intentions de mariage et de la recherche du bonheur de Sira. La mère lui dit :

- Ma fille est malade, détruite et elle ne peux même pas se tenir debout.

- Ce n’est pas un problème, dit le sorcier, je le règle en trois jours sinon je quitte ce village et vous n’entendrez plus jamais parler de moi.

Sira qui entendait tout ce dialogue au fond de la case avait déjà pris sa décisions

- mère, j épouserai cet homme s’il me guérie.

La mère qui n’était pas d’accord du choix de l’autre accepta mais ne baisse pas les bras. Aussitôt que le sorcier a commencé le traitement la mère couru voir son frère et lui dit :

- Mon unique bébé doit épouser cet homme crapuleux. Je te prie de faire quelque chose.

- Ma soeur, dit l’oncle, que la volonté des ancêtres soit faite. Jamais notre famille n’a fait du mal à personne, que cela nous soit reconnu.

Sira fut guérit par le sorcier Tura qui annonça son mariage avec beaucoup publicités. Il se moquait de tous ces devins et autres chasseurs dont les efforts de conquête ont été vain.

Le jour du mariage arriva. on ne vit aucun vautour dans le ciel et il eut grande tornade qui chassa les convives. Le sorcier piqua une vive colère se retira au fond de sa case et dormit lorsqu’il se réveille, le soleil était au zénith. Il bondit de sa case, aucun vautour. Sira était là, assise entourée de quelques vieilles femmes qui survivaient grâce aux nombreuses cérémonies de mariage, baptême et funérailles. La nuit tombée, Tura se précipite au fond de la case pour consommer son mariage. Sira fut préparée et cela pour le sorcier. Lorsque la jeune épouse fut déposée dans son lit, il se précipita, se déshabillait et voulu tout de suite la consommer. Mais, il constata sur le champ qu’il n’avait rien entre les jambes. Il s’étonna, réactiva le feu qui éclairait la case. C’est ainsi que Sira se rendit compte que son mari, n’avait rien entre les jambes. Elle tenta de lui tenir des propos rassurant mais il ne voulait rien savoir. Il la traita de sorcière et jura de se venger. Sur le champ, il la répudia et quitta le village dans la même nuit.

Sira ainsi guérie épouse à nouveau Bani et ils eurent de beaux enfants

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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 18:31

LE BONNET DE COTON


Sans souci des lois de la mode
Jadis dans nos vallons normands
D'une coiffure bien commode,
On fit usage fort longtemps.
Et, de fil, de soie ou de laine,
Cette coiffure, dit-on
Pour Jean-Pierre ou Madeleine
C'était un bonnet de coton.

On m'a dit que ma grand-mère
Qui le portait à ses quinze ans
Était belle sous lui naguère,
Bien qu'elle n'eut ni fleurs, ni ruban.
Surtout alors quand la fillette
Au vent, égrenant sa chanson,
Faisait voltiger la bouffette
Du petit bonnet de coton.

Quand elle épousa mon grand-père
A la noce furent admis
Chaque famille toute entière
Avec un grand nombre d'amis.
Et pendant trois longs jours de fête
Où l'on dansa maint rigodon
Elle s'en donna la bouffette
Des jolis bonnets de coton.

Mais bientôt les ans arrivèrent,
Les infirmités avec eux,
Les fameux bonnets se calmèrent.
Ils moururent, les deux bons vieux.
Et maintenant au cimetière
Qui domine le gai vallon,
Ils dorment dans l'étroite bière
Avec leur bonnet de coton.

Chez nous, on bénit la mémoire
Des pauvres gens trépassés
Car on trouva dans leur armoire
Des trésors par eux amassés :
Louis d'or à mainte effigie,
Brillants écus du plus beau son,
Toute une fortune blottie
Dans un vieux bonnet de coton.

Alphonse POUPÉE, in "Almanach Annuaire de l'Eure" (1920)

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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 17:34

A Vendre

Partir à pied, quand le soleil se lève, et marcher dans la rosée, le long des champs, au bord de la mer calme, quelle ivresse !
    Quelle ivresse ! Elle entre en vous par les yeux avec la lumière, par la narine avec l'air léger, par la peau avec les souffles du vent.
    Pourquoi gardons-nous le souvenir si clair, si cher, si aigu de certaines minutes d'amour avec la Terre, le souvenir d'une sensation délicieuse et rapide, comme de la caresse d'un paysage rencontré au détour d'une route, à l'entrée d'un vallon, au bord d'une rivière, ainsi qu'on rencontrerait une belle fille complaisante.
    Je me souviens d'un jour, entre autres. J'allais le long de l'Océan breton, vers la pointe du Finistère. J'allais, sans penser à rien, d'un pas rapide, le long des flots. C'était dans les environs de Quimperlé, dans cette partie la plus douce et la plus belle de la Bretagne.
    Un matin de printemps, un de ces matins qui vous rajeunissent de vingt ans, vous refont des espérances et vous redonnent des rêves d'adolescents.
    J'allais, par un chemin à peine marqué, entre les blés et les vagues. Les blés ne remuaient point du tout, et les vagues remuaient à peine. On sentait bien l'odeur douce des champs mûrs et l'odeur marine du varech. J'allais sans penser à rien, devant moi, continuant mon voyage commencé depuis quinze jours, un tour de Bretagne par les côtes. Je me sentais fort, agile, heureux et gai. J'allais.
    Je ne pensais à rien ! Pourquoi penser en ces heures de joie inconsciente, profonde, charnelle, joie de bête qui court dans l'herbe, ou qui vole dans l'air bleu sous le soleil ? J'entendais chanter au loin des chants pieux. Une procession peut-être, car c'était un dimanche. Mais je tournai un petit cap et je demeurai immobile, ravi. Cinq gros bateaux de pêche m'apparurent remplis de gens, hommes, femmes, enfants, allant au pardon de Plouneven.
    Ils longeaient la rive, doucement, poussés à peine par une brise molle et essoufflée qui gonflait un peu les voiles brunes, puis, s'épuisant aussitôt, les laissait retomber, flasques, le long des mâts.
    Les lourdes barques glissaient lentement, chargées de monde. Et tout ce monde chantait. Les hommes debout sur les bordages, coiffés du grand chapeau, poussaient leurs notes puissantes, les femmes criaient leurs notes aiguës, et les voix grêles des enfants passaient comme des sons de fifre faux dans la grande clameur pieuse et violente.
    Et les passagers des cinq bateaux clamaient le même cantique, dont le rythme monotone s'élevait dans le ciel calme ; et les cinq bateaux allaient l'un derrière l'autre, tout près l'un de l'autre.

    Ils passèrent devant moi, contre moi, et je les vis s'éloigner, j'entendis s'affaiblir et s'éteindre leur chant.
    Et je me mis à rêver à des choses délicieuses, comme rêvent les tout jeunes gens, d'une façon puérile et charmante.
    Comme il fuit vite, cet âge de la rêverie, le seul âge heureux de l'existence ! Jamais on n'est solitaire, jamais on n'est triste, jamais morose et désolé quand on porte en soi la faculté divine de s'égarer dans les espérances, dès qu'on est seul. Quel pays de fées, celui où tout arrive, dans l'hallucination de la pensée qui vagabonde ! Comme la vie est belle sous la poudre d'or des songes !
    Hélas ! c'est fini, cela.
    Je me mis à rêver. A quoi ? A tout ce qu'on attend sans cesse, à tout ce qu'on désire, à la fortune, à la gloire, à la femme.
    Et j'allais, à grands pas rapides, caressant de la main la tête blonde des blés qui se penchaient sous mes doigts et me chatouillaient la peau comme si j'eusse touché des cheveux.
    Je contournai un petit promontoire et j'aperçus, au fond d'une plage étroite et ronde, une maison blanche, bâtie sur trois terrasses qui descendaient jusqu'à la grève.
    Pourquoi la vue de cette maison me fit-elle tressaillir de joie ? Le sais-je ? On trouve parfois, en voyageant ainsi, des coins de pays qu'on croit connaître depuis longtemps, tant ils vous sont familiers, tant ils plaisent à votre coeur. Est-il possible qu'on ne les ait jamais vus ? qu'on n'ait point vécu là autrefois ? Tout vous séduit, vous enchante, la ligne douce de l'horizon, la disposition des arbres, la couleur du sable !
    Oh ! la jolie maison, debout sur ses hauts gradins ! De grands arbres fruitiers avaient poussé le long des terrasses qui descendaient vers l'eau, comme des marches géantes. Et chacune portait, ainsi qu'une couronne d'or, sur son faîte, un long bouquet de genêts d'Espagne en fleur !
    Je m'arrêtai, saisi d'amour pour cette demeure. Comme j'eusse aimé la posséder, y vivre, toujours !
    Je m'approchai de la porte, le coeur battant d'envie, et j'aperçus, sur un des piliers de la barrière, un grand écriteau : "A vendre."
    J'en ressentis une secousse de plaisir comme si on me l'eût offerte, comme si on me l'eût donnée, cette demeure ! Pourquoi ? oui, pourquoi ? Je n'en sais rien !
    "A vendre." Donc elle n'était presque plus à quelqu'un, elle pouvait être à tout le monde, à moi, à moi ! Pourquoi cette joie, cette sensation d'allégresse profonde, inexplicable ? Je savais bien pourtant que je ne l'achèterais point ! Comment l'aurais-je payée ? N'importe, elle était à vendre. L'oiseau en cage appartient à son maître, l'oiseau dans l'air est à moi, n'étant à aucun autre.
    Et j'entrai dans le jardin. Oh ! le charmant jardin avec ses estrades superposées, ses espaliers aux longs bras de martyrs crucifiés, ses touffes de genêts d'or, et deux vieux figuiers au bout de chaque terrasse.
    Quand je fus sur la dernière, je regardai l'horizon. La petite plage s'étendait à mes pieds, ronde et sablonneuse, séparée de la haute mer par trois rochers lourds et bruns qui en fermaient l'entrée et devaient briser les vagues aux jours de grosse mer.
    Sur la pointe, en face, deux pierres énormes, l'une debout, l'autre couchée dans l'herbe, un menhir et un dolmen, pareils à deux époux étranges, immobilisés par quelque maléfice, semblaient regarder toujours la petite maison qu'ils avaient vu construire, eux qui connaissaient, depuis des siècles, cette baie autrefois solitaire, la petite maison qu'ils verraient s'écrouler, s'émietter, s'envoler, disparaître, la petite maison à vendre !
    Oh ! vieux dolmen et vieux menhir, que je vous aime !
    Et je sonnai à la porte comme si j'eusse sonné chez moi. Une femme vint ouvrir, une bonne, une vieille petite bonne vêtue de noir, coiffée de blanc, qui ressemblait à une béguine. Il me sembla que je la connaissais aussi, cette femme.
    Je lui dis :
    - Vous n'êtes pas Bretonne, vous ?
    Elle répondit :
    - Non, monsieur, je suis de Lorraine.
    Elle ajouta :
    - Vous venez pour visiter la maison ?
    - Eh ! oui, parbleu.
    Et j'entrai.
    Je reconnaissais tout, me semblait-il, les murs, les meubles. Je m'étonnai presque de ne pas trouver mes cannes dans le vestibule.
    Je pénétrai dans le salon, un joli salon tapissé de nattes, et qui regardait la mer par trois larges fenêtres. Sur la cheminée, des potiches de Chine et une grande photographie de femme. J'allai vers elle aussitôt, persuadé que je la reconnaîtrais aussi. Et je la reconnus, bien que je fusse certain de ne l'avoir jamais rencontrée. C'était elle, elle-même, celle que j'attendais, que je désirais, que j'appelais, dont le visage hantait mes rêves. Elle, celle qu'on cherche toujours, partout, celle qu'on va voir dans la rue tout à l'heure, qu'on va trouver sur la route dans la campagne dès qu'on aperçoit une ombrelle rouge sur les blés, celle qui doit être déjà arrivée dans l'hôtel où j'entre en voyage, dans le wagon où je vais monter, dans le salon dont la porte s'ouvre devant moi.
    C'était elle, assurément, indubitablement elle ! Je la reconnus à ses yeux qui me regardaient, à ses cheveux roulés à l'anglaise, à sa bouche surtout, à ce sourire que j'avais deviné depuis longtemps.
    Je demandai aussitôt :
    - Quelle est cette femme ?
    La bonne à tête de béguine répondit sèchement :
    - C'est Madame.
    Je repris :
    - C'est votre maîtresse ?
    Elle répliqua avec son air dévôt et dur :
    - Oh ! non, monsieur.
    Je m'assis et je prononçai :
    - Contez-moi ça.
    Elle demeurait stupéfaite, immobile, silencieuse.
    J'insistai :
    - C'est la propriétaire de cette maison, alors !
    - Oh ! non, monsieur.
    - A qui appartient donc cette maison ?
    - A mon maître, M. Tournelle.
    J'étendis le doigt vers la photographie.
    - Et cette femme, qu'est-ce que c'est ?
    - C'est Madame.
    - La femme de votre maître ?
    - Oh ! non, monsieur.
    - Sa maîtresse alors ?
    La béguine ne répondit pas. Je repris, mordu par une vague jalousie, par une colère confuse contre cet homme qui avait trouvé cette femme :
    - Où sont-ils maintenant ?
    La bonne murmura :
    - Monsieur est à Paris, mais, pour Madame, je ne sais pas.
    Je tressaillis :
    - Ah ! Ils ne sont plus ensemble ?
    - Non, monsieur.
    Je fus rusé ; et, d'une voix grave :
    - Dites-moi ce qui est arrivé, je pourrai peut-être rendre service à votre maître. Je connais cette femme, c'est une méchante !
    La vieille servante me regarda, et devant mon air ouvert et franc, elle eut confiance.
    - Oh ! monsieur, elle a rendu mon maître bien malheureux. Il a fait sa connaissance en Italie et il l'a ramenée avec lui comme s'il l'avait épousée. Elle chantait très bien. Il l'aimait, monsieur, que ça faisait pitié de le voir. Et ils ont été en voyage dans ce pays-ci, l'an dernier. Et ils ont trouvé cette maison qui avait été bâtie par un fou, un vrai fou pour s'installer à deux lieues du village. Madame a voulu l'acheter tout de suite, pour y rester avec mon maître. Et il a acheté la maison pour lui faire plaisir.
    Ils y sont demeurés tout l'été dernier, monsieur, et presque tout l'hiver.
    Et puis, voilà qu'un matin, à l'heure du déjeuner, Monsieur m'appelle :
    - Césarine, est-ce que Madame est rentrée ?
    - Mais non, monsieur.
    On attendit toute la journée. Mon maître était comme un furieux. On chercha partout, on ne la trouva pas. Elle était partie, monsieur, on n'a jamais su où ni comment.
    Oh ! quelle joie m'envahit ! J'avais envie d'embrasser la béguine, de la prendre par la taille et de la faire danser dans le salon !
    Ah ! elle était partie, elle s'était sauvée, elle l'avait quitté fatiguée, dégoûtée de lui ! Comme j'étais heureux !
    La vieille bonne reprit :
    - Monsieur a eu un chagrin à mourir, et il est retourné à Paris en me laissant avec mon mari pour vendre la maison. On en demande vingt mille francs.
    Mais je n'écoutais plus ! Je pensais à elle ! Et, tout à coup, il me sembla que je n'avais qu'à repartir pour la trouver, qu'elle avait dû revenir dans le pays, ce printemps, pour voir la maison, sa gentille maison, qu'elle aurait tant aimée, sans lui.
    Je jetai dix francs dans les mains de la vieille femme ; je saisis la photographie, et je m'enfuis en courant et baisant éperdument le doux visage entré dans le carton.
    Je regagnai la route et me remis à marcher, en la regardant, elle ! Quelle joie qu'elle fût libre, qu'elle se fût sauvée ! Certes, j'allais la rencontrer aujourd'hui ou demain, cette semaine ou la suivante, puisqu'elle l'avait quitté ! Elle l'avait quitté parce que mon heure était venue !
    Elle était libre, quelque part, dans le monde ! Je n'avais plus qu'à la trouver puisque je la connaissais.
    Et je caressais toujours les têtes ployantes des blés mûrs, je buvais l'air marin qui me gonflait la poitrine, je sentais le soleil me baiser le visage. J'allais, j'allais éperdu de bonheur, enivré d'espoir. J'allais, sûr de la rencontrer bientôt et de la ramener pour habiter à notre tour dans la jolie maison A vendre. Comme elle s'y plairait, cette fois !

5 janvier 1885

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12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 09:25

Le vieux Sage


Un très vieux sage vivait tout là haut dans une montagne aux pentes très abruptes. Les gens d'en bas, dans la plaine, allaient régulièrement le consulter lorsque se présentait un problème insoluble pour eux. Et vous savez quoi, le vieux sage avait toujours la solution juste.

Pour se faire, les gens d'en bas devaient escalader cette montagne aux pentes très abruptes pendant trois jours et trois nuits pour le consulter, c'était une tâche très ardue.

Un beau jour, les gens d'en bas se réunirent pour parler du vieux sage.

Un jeune homme de forte tête leur dit qu'il en avait assez d'avoir à grimper la montagne à chaque fois qu'il avait une question d'ordre existentielle. Il en avait assez et voulait que cela cesse et ne plus avoir à grimper là-haut pour consulter le vieux sage et tenter de mettre celui-ci en déroute avec une question piège. En fait, il demanda aux gens qui étaient avec lui de l'aider.

Il imagina toute sortes de questions et chaque fois que quelqu'un en proposait une nouvelle, une autre personne disait : "je lui ai déjà demander cela et il m'a répondu".

Alors le jeune homme entêté à réussir son exploit, à savoir, intimider le vieux sage, dit :

« Je sais, je vais attraper un oiseau à l'aide d'une cage et lorsque je serai en face du vieux sage je lui demanderai: est-ce que l'oiseau que je tiens dans mes mains est mort ou vivant ? S'il répond qu'il est mort, je le laisse s'envoler, et s'il répond qu'il est vivant je le tue et lui montre l'évidence de sa tromperie. »

Alors tous les habitants d'en bas escaladèrent la montagne pendant trois jours et trois nuits pour voir la défaite du vieux sage. Ils arrivèrent en haut avec les vêtements tout déchirés un peu partout, et voilà que le jeune homme dit : bonjour vieux sage comment allez-vous ?

Le vieux sage regarda chacun, un par un dans les yeux en les scrutant de haut en bas. Notre jeune homme dit alors, vieux sage, nous avons une question pour toi, « L'oiseau que je tiens dans mes mains, est-t-il mort ou vivant ? » Alors le vieux sage ragarda chacun encore dans les yeux un par un en prenant son temps et en les scrutant de haut en bas.

Ensuite le vieux sage regarda le jeune homme et dit : « Mon jeune ami, . . . la Vie de cet oiseau est entre vos mains »

Auteur inconnu

 

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11 octobre 2008 6 11 /10 /octobre /2008 16:12

Suite à un petit séjour en Auvergne,je vous fait partager ce petit récit.

Le rendez-vous des sorciers...


Selon certains auteurs, après le départ des moines, le sommet du Puy de Dôme servit de lieu de sabbat aux sorciers.

En 1594, "la femme Bosdeau", sorcière du Limousin, fut condamnée par le parlement de Bordeaux et brûlée vive. La malheureuse laissait une confession et c'est ainsi qu'on apprit tout.
«La nuit de la Saint-Jean d'été donc, les sorciers arrivaient là, de l'Auvergne, du Limousin, de la Marche, du Velay, du Vivarais, du Gévaudan, voire du Languedoc. Car ils n'avaient qu'à enfourcher leur balai de bouleau pour être rendus en un clin d'œil dans les vents de la nuit.
Leur maître, c'était Satan, qui avait la figure d'un bouc. Il les recevait au milieu d'un rond tracé sur le gazon au sommet de la montagne. Chacun venait allumer sa chandelle à la chandelle noire qu'il portait sur les cornes et dévotieusement lui baiser la fesse.
Pour commencer le sabbat, le diable disait la messe à sa façon, avec une tranche de rave en guise d'hostie. Puis il distribuait les métiers de sorcellerie pour leur nouvelle année, faisant largesse de charmes contre le feu, les loups, les bêtes sauvages, et soufflant sur ses suppôts pour leur donner le pouvoir de prédire l'avenir La tradition populaire veut que, pendant cette messe noire, à cet endroit du puy de Dôme qu'on appelle "le cratère du Nid de la Poule", soit apparue une énorme poule noire à trois queues (elle pondait trois œufs noirs puis disparaissait dans les flammes). Les sorciers se précipitaient alors, brisaient les œufs et y trouvaient les ordres de Satan pour l'année à venir.
En cette année de la Saint-Jean, où le crépuscule du soir rejoint presque celui du matin, la foule noire de sorciers grouillait longtemps dans le gris blafard, là-haut, d'où l'on domine, si bas au-dessous, une infinité de pâturages, de forêts et de campagnes. Assis sur l'herbe rase, ces maudits faisaient un repas de pain, de vin et de fromage, toutes provisions mises en commun, pour signifier qu'ils étaient tous frères. Puis, jusqu'à l'heure où l'air de pâle devient rouge, leurs cérémonies se continuaient par des débordements, des horreurs, des lubricités qui ne vaudraient rien à êtres retracées.
Ces choses sont si vieilles qu'on n'oserait les donner pour tout à fait véritables. Cependant, encore aujourd'hui, les bergers montent à la Saint-Jean sur la plus haute montagne pour voir danser le soleil : car il danse, ce jour-là, à son lever, ne sachant s'il doit aller à droite ou aller à gauche.
Beaucoup en ces cantons écartés ont dû demeurer longtemps païens et magiciens dans le secret de leur cœur Le bouc était consacré à Mercure et on ne s'est pas étonné d'en retrouver des cornes dans le temple. Mais on se pose davantage de questions sur les cornes enfouies sous la chapelle Saint Barnabé..
Ce site n'est d'ailleurs pas le seul dans la chaîne des Puys à avoir mauvaise réputation : le sommet très étroit de ce puy Chopine, qui a tant décontenancé les géologues, passe lui aussi, pour avoir eu une chapelle et avoir été un rendez-vous de sorciers. Et tout le monde sait bien qu'au Suquet de la Fachineire (la petite montagne de la fée) entre le puy de Pourcharet et le puy de Montillet, il n'est pas prudent de tenir des troupeaux après le coucher du soleil...

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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 13:46

La Fontaine du Mouton

Une légende de la Forêt Enchantée d'Altkirch

 

 

Tout près de Froeningue se trouve une source qui sort de terre en bouillonnant : c'est le Muttelebrunnen ou Fontaine du Mouton. À ce lieu se rattachent un dicton et une légende. « Celui qui a bu de son eau n'oubliera pas Froeningue », affirme le dicton ; quant à la légende, la voici :

Jadis, à l'époque des premières croisades, une famille noble habitait le château voisin de Froeningue. Elle avait à son service une orpheline qui gardait les moutons. Tous les jours, elle passait près de la source avec son troupeau. Et, chaque fois, un agneau s'en allait y boire. La bergère s'aperçut bientôt que le Muttele se distinguait des autres par sa belle toison et sa grande vitalité. Avec juste raison, elle attribua cela aux vertus de la source et résolut alors d'imiter le petit animal. Elle se plaça donc « à quatre pattes » au bord de la fontaine et y but à longs traits de son eau à l'odeur un peu écoeurante et qui piquait la langue.

Elle allait se relever quand, soudain, elle vit une belle dame, drapée dans un voile léger et coiffée d'une couronne, monter avec grâce du fond de l'eau. À peine la bergère commençait-elle à s'effrayer que la dame lui dit, d'une voix très douce :
— Ne crains rien, je ne veux que ton bonheur. Promets-moi cependant une seule chose : n'oublie jamais les pauvres, quand tu seras heureuse.

Connaissant les bons sentiments de la petite bergère, la fée n'attendit pas sa réponse et disparut. L'orpheline grandit et devint une belle jeune fille. Au point que le jeune châtelain, à son retour de croisade, en tomba follement amoureux et la voulut pour femme. (C'était encore au temps où les chevaliers, et même les rois, épousaient des bergères). Le mariage se fit donc peu après, au milieu de grandes festivités. Elle, la nouvelle châtelaine, n'oublia pas de se rendre à la fontaine pour y remercier la bonne fée.

Les jeunes époux connurent quelques années de bonheur, puis le chevalier dut reprendre l'épée et retourner en Terre sainte. La jeune châtelaine devint alors la souveraine absolue du village. Mais, négligeant les sages conseils de la fée, elle se montra bientôt dure et orgueilleuse envers ses propres sujets. Alors, les paysans la détestèrent. Un jour qu'elle s'était permise d'augmenter injustement leurs impôts, ils se révoltèrent, la chassèrent du château et l'obligèrent à se retirer dans une cabane proche de la source.

Elle y vécut misérablement et ne subsista que grâce aux aumônes qu'on voulut bien lui accorder. Elle eut beau passer de longues heures penchée sur la fontaine et supplier la fée, jamais celle-ci ne se manifesta. Alors, seule, malade et rejetée de tous, la châtelaine déchue se laissa mourir de désespoir.

À son retour de Palestine, le chevalier apprit le décès de sa femme et les circonstances l'ayant précédé. Alors, le coeur brisé, il quitta le pays. Il mourut bientôt et on l'amena dans le caveau seigneurial, où reposaient ses ancêtres.

Le château a disparu depuis longtemps. Seules en restent les fondations, dont l'emplacement apparaît par les étés chauds et secs, là où l'herbe est plus jaune et plus roussie qu'alentour. Quant à la source, elle coule toujours et nul n'a plus revu la fée des eaux.



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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 12:43

La légende des pierres qui parlent

Jacques VILLEGIER

Je ne pense point qu'il y ait chose au monde dont les hommes se puissent plus justement douloir que la Fortune, quand elle donne ses biens à qui en est indigne. (Pierre de LARIVEY, 1540-1612)


     Il y a soixante ans, en cette année 1938, tous les membres de la famille se retrouvaient, silencieux, devant l'antique bureau de Monsieur LANTERNIE, notaire au chef lieu de canton. Le père était mort l'année précédente, juste pendant l'Exposition internationale de PARIS. Il fallait partager.
Depuis ce jour lointain où ils avaient signé, sans esprit de lucre et sans amertume, les âmes des deux maisons que possédait le défunt s'étaient trouvées réunies sur le papier timbré, bien à l'abri, dans le grand tiroir à minutes de l'étude.

     On dit que les maisons recèlent une âme; ce n'est pas seulement une phrase de poète. Quand une porte, close depuis longtemps, s'ouvre sur la poussière des années, il s'exhale une odeur si particulière que les souvenirs remontent des caves jusqu'au grenier, passent par les escaliers de pierre, partout, dans les recoins les plus obscurs où la vie s'est cachée, où les humains se sont aimés, ou haïs.

     Les maisons possèdent aussi une enveloppe charnelle faite de moellons, de briques et d'ardoises. Nos maisons, à Nous, sont bâties avec le granit de nos montagnes, elles peuvent durer toujours, tant qu'elles ont une âme! Quand on ferme tristement la porte, derrière la dépouille du dernier occupant, l'âme de nos maisons ne demanderait qu'à rester là, se perpétuer, se réincarner dans une autre vie, plus moderne et plus jeune: façades ravalées, antennes sur les toits, cris d'enfants ... mais les maisons fermées?

     Avant ce jour, les deux maisons du Père ne se connaissaient pas. Il avait fallu un partage pour que, sur le papier maintenant jauni du notaire, renaissent leurs origines, leurs histoires, chacune bien différente de l'autre, tourmentées. Elles avaient pu, enfin, communiquer, se concerter dans le tiroir aux minutes, en attendant que l'on vienne à nouveau consulter les archives, pour les faire revivre et se réincarner.

     Sur les neuf enfants qui se partageaient l'héritage, deux filles avaient décidé de conserver les maisons et de dédommager les autres, plus tard, lorsque la Mère serait décédée, puisqu'elle se réservait la jouissance des lieux. Cette période dura six années et puis la guerre était venue, la famille dispersée. Il y avait deux zones, et le pays était partagé, lui aussi, en deux morceaux. Rien ne put être réglé, il fallait attendre.

     Les deux âmes de pierre, réfugiées ensemble sur le même acte, et complices, décidèrent d'en finir avec l'incertitude. A force de parler tout bas, elles avaient compris que leurs enveloppes charnelles étaient toutes proches l'une de l'autre. Elles ne l'avaient jamais su. Les indications cadastrales étaient si voisines que seul un vallon devait les séparer. Les "lieudits", elles en avaient entendu parler, autrefois, à l'occasion des ventes et des successions. Donc, par beau temps, elles pouvaient certainement se distinguer, l'une l'autre, du haut de leurs toitures et peut-être, enfin, pourraient-elles se parler librement, en plein soleil, à haute voix, loin du tiroir moisi du notaire?

     C'est ainsi qu'une nuit, choisie à cause du clair de lune, elles s'évadèrent du meuble que le clerc avait imprudemment laissé entr'ouvert. Grâce aux renseignements figurant dans le partage, elles n'eurent pas de peine, l'une comme l'autre, à se diriger dans la pénombre vers le lieu que, sans l'ingratitude des humains, elles n'auraient jamais dû quitter. Bien sûr, elles trouvèrent les portes fermées, mais une âme ne rencontre aucune difficulté pour pénétrer dans sa maison; elle en connaît tous les secrets extérieurs: les cheminées, les baies qui ferment mal, même les interstices les plus minuscules; d'ailleurs, plusieurs vitres avaient été cassées par les orages, durant ces longues années.

     S'étant appelées de loin, pour s'assurer que chacune était bien arrivée, elles commencèrent à explorer leurs domaines respectifs, car, depuis le temps, elles avaient un peu oublié la disposition des lieux. Et puis, il fallait bien être prêtes pour recevoir et accueillir les humains qui voudraient bien s'installer!

     Les maisons, comme les hommes, ont des fortunes diverses; très occupées à préparer l'avenir, chacune avait un peu négligé d'appeler l'autre. D'ailleurs elles avaient jugé, en conscience, que tous les dix ans serait un laps de temps suffisant pour faire le point. Si elles étaient égales et complices dans le tiroir du notaire, elles s'aperçurent vite que, dans la réalité retrouvée, il n'en était rien et que l'injustice ne s'appliquait pas qu'aux hommes. Dix ans après leur dernière rencontre elles décidèrent enfin, par dessus les toitures et les champs, d'échanger une description rapide des lieux et des choses.

     La première âme dit: "J'ai parcouru ma dizaine de pièces, vastes et bien éclairées. Dans ma façade s'ouvrent huit portes ou fenêtres, je possède un grand jardin, d'importantes dépendances, un petit parc, avec deux grands sapins qui marquent l'entrée de l'allée. Bien sûr je ne suis pas très moderne, les peintures ont grand besoin d'être rafraîchies, mais ma cave voûtée renferme encore de nombreuses bouteilles de vin généreux. Ce qui m'a le plus étonnée, c'est que j'ai découvert, au fond du grenier, une paire de bottes en cuir, très usées; des gens, qui sont venus visiter la maison, assis devant la cheminée de la grande salle ont dit, je l'ai entendu, qu'elles avaient appartenu à un capitaine qui a combattu en CRIMEE, sous NAPOLEON III. Tu vois, j'ai des origines! J'ai trouvé, aussi, un livre, écrit par un poète; il parle de moi, il m'appelle "GRANDPRE". L'auteur serait le fils du capitaine? Il a laissé un grand nom, dans le pays. Ainsi, je ne suis plus l'âme d'une maison, mais l'esprit d'un Manoir!
Tout cela ne serait rien si je ne venais d'apprendre, quel enchantement, que les humains, ceux qui sont venus m'admirer, m'aiment et veulent me faire revivre! Ce sont des gens de cœur!"

     La deuxième âme, celle de l'autre maison du père, avait écouté, pensive, du haut de la vieille poterie de cheminée qui émergeait à peine d'un toit délabré et ouvert aux intempéries. Elle qui rêvait de renaître, ne disait mot. L'autre, profitant d'un souffle de vent qui partait vers l'Est, la pria de parler. Il fallait bien répondre!

     "Moi, je ne suis que l'âme d'une pauvre ferme entourée de broussailles et de végétation morte. Les branches des arbres osent pénétrer jusqu'au travers de mes trois fenêtres vermoulues et les racines soulèvent déjà mes fondations. Personne ne viendra plus jamais me visiter.. Bientôt, je ne serai plus rien; de mon enveloppe charnelle il ne restera qu'un tas de pierres peuplé de serpents. Seules des "rapiettes" mettront un peu de vie dans ces décombres, et moi, l'âme, je serai obligée de regagner, honteusement, le tiroir de Monsieur LANTERNIE, jusqu'à ce qu'un juge sans cœur vienne décider de mon sort ultime.
Personne ne voudra donc de moi!"

     Après cette longue plainte, l'âme de la ferme vint exprimer son repentir, devant le ciel. Elle reconnut son amertume et, comme toutes les âmes nobles, elle se devait de réagir, ce qu'elle fit dans un nouveau monologue:
"Pourtant, depuis des années, j'ai été heureuse de retrouver mon passé; tandis que tu parcourais les pièces de ton manoir, je remontais le cours de mes souvenirs. Je me suis retrouvée, telle qu'autrefois, dans cette maison que le Père avait bâtie de ses propres mains. Cette maison toute bruissante de chansons joyeuses, parmi ces enfants intrépides, courant derrière les poules ou les moutons. J'ai revu le père et la mère, accablés de travail et de soucis, mais heureux et écoutés. Toute cette famille, que tu as connue, silencieuse et recueillie, chez le notaire, c'est ici qu'elle est née, qu'elle s'est constituée, à force d'amour, dans la rude tendresse des paysans. Est-ce ma faute si aucun descendant n'a pensé à tout cela?
Tu as de la chance; cependant, après la ruine consommée, quand je me trouverai recluse dans le tiroir de Maître LANTERNIE, je repenserai à tous les enfants heureux que j'ai vu naître ici!"

     Le silence s'était installé. Toutes les âmes de toutes les maisons alentour, qui avaient entendu, par dessus les toitures, s'interrogeaient. Alors, juste à ce moment, un Ange et un Diablotin, se tenant par la main et qui passaient par là, se regardèrent mutuellement, d'un oeil mauvais, plein de reproches réciproques!

 

     Ceux qui liront ce récit se demanderont :

"Comment le conteur a-t-il bien pu savoir que les âmes des pierres parlaient, et comment a-t-il pu les entendre?"

     C'est tout simple: un soir de TOUSSAINT, il faisait très froid dans le petit cimetière du village, si froid que le sol et les pierres craquaient, sous l'effet du gel! c'était une étrange rumeur, les Pierres, dernières demeures des ancêtres, parlaient!

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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 12:40

La petite fille aux allumettes

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C'était le soir du 24 Décembre. De gros flocons de neige venaient tapisser les trottoirs. Une petite fille marchait dans le froid, la tête et les pieds nus. Sa mère lui avait bien donné des pantoufles mais elles étaient trop grandes pour elle. Elle les avait perdues en traversant la rue et un garçon était parti avec en courant... Ses pieds gelés lui faisaient mal et ses mains étaient rouges et toutes engourdies. Mais la pauvre fillette n'osait pas rentrer chez elle. Elle n'avait pas vendu une seule boite d'allumettes et son père la bâterait sûrement. Le vent glacial lui pinçait les joues et s'engouffrait dans son cou.

Épuisée et transit par le froid, elle alla se blottir contre un mur au coin d'une rue.
Elle avait si froid, la pauvre, si elle osait craquer une allumette, elle pourrait se réchauffer les doigts !"Juste une", pensa-t-elle, "papa ne s'en rendrait pas compte". Alors elle en prit une dans un paquet et l'alluma. La petite entoura la flamme de sa main et il lui sembla qu'elle se trouvait devant un gros poêle en fer où crépitait un bon feu. Elle voulut étendre ses jambes pour les réchauffer mais tout à coup le poêle disparut. L'allumette s'était éteinte. Alors la fillette en craqua une autre. Cette fois-ci, elle éclaira le mur et put voir à travers ! Il y avait une grande table avec une jolie nappe et des bougies ; de la vaisselle en porcelaine et au milieu, une belle oie rôtie fourrée de marrons et de pommes. Comme elle sentait bon ! La petite fille tendit le bras pour y goûter mais ne toucha que le mur gris et froid. Le festin avait disparu. Il ne restait qu'un bout d'allumettes noir et brûlé entre ses doigts. Elle alluma encore une allumettes et là, elle vit un immense sapin de noël. Le plus beau qu'elle avait jamais vu. Il scintillait et ses branches étaient garnies de mille petites lumières.Mais l'allumette s'éteignit. Le sapin disparut et ses lumières se changèrent en étoiles.En levant les yeux au ciel, la petite vit une étoile filante et pensa à sa grand-mère qui était morte et qui lui avait dit : "Quant une étoile s'éteint, c'est une âme qui monte au ciel". Elle frotta une autre allumette et sa grand-mère apparut. Oh grand-mère !" s'écria la fillette, "emmène-moi, je sais que tu partiras quand l'allumette s'éteindra, comme le poêle, l'oie rôtie et le sapin !". Alors elle frotta une autre allumette, puis une autre et encore une autre pour retenir sa grand-mère.Elle en frotta toute une poignée et sa grand mère parut encore plus belle et plus grande. Alors elle prit la fillette dans ses bras et toutes deux s'envolèrent vers les étoiles où il ne ferait plus jamais froid. Le lendemain matin, on retrouva la fillette morte de froid, son petit corps à demi enseveli sous la neige.

Elle avait le sourire aux lèvres et personnes ne sut ce qu'elle avait vu cette nuit-là, ni comment avec sa grand-mère elle avait rejoint les étoiles. Hans Christian Andersen (1846)

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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 20:55

Le conte de Charles
Les amis de Charles

     C'était le dernier d'une famille de onze enfants et, à cause de sa petite taille, on l'avait surnommé tout d'abord "le Ratichon" et ce sobriquet fut diminué pour devenir ensuite "le Rat", surnom qu'il garda toute sa vie. Quand il fut en âge de gagner sa croûte, on lui demanda ce qu'il voulait faire.
"Je veux faire, dit-il, un métier pas trop fatiguant. Je serai colporteur. Je vendrai des aiguilles, du fil, des boutons, tout ce qui est nécessaire aux femmes pour la couture. Je vendrai aussi des rubans, oui, de beaux rubans pour les jeunes filles qui veulent se distinguer.
- Mon pauvre petit "Rat", tu n'auras jamais trois bons jours dans ta vie avec ce métier-là! Passer ton temps sur les chemins, à gagner une misère! Oui, pas trois bons jours, dans toute ton existence!
- On verra bien!"
     Et le "Rat", malgré les sages conseils de son entourage, se fit colporteur et se mit à battre le pays.

     La prophétie familiale se dessinait un peu plus précisément au fur et à mesure que le temps passait : il n'avait jusqu'à présent pas connu trois bons jours.
     Une fois il arriva à la demeure d'une vieille et riche dame. Notre "Rat" avait grand faim et grande lassitude était en ses bagages. Il espérait bien trouver en ces lieux couvert et gîte. Aussi, se fit-il passer pour "divinaire", homme capable de retrouver les objets perdus et doué de bien d'autres pouvoirs.
"Comme vous tombez bien, s'exclama la riche hôtesse. J'ai justement perdu un brillant, monté sur bague, ma servante et mes deux domestiques n'ont pu remettre la main dessus.
- Hé bien, je vous le retrouverai! Mais il faut, pour cela, que vous me donniez votre meilleure chambre dans laquelle vous me ferez servir la meilleure nourriture. Et il ne faudra surtout pas me déranger" ajouta le "Rat", plus préoccupé par la perspective de couler quelques jours agréables que par la quête de la bague, aussi belle fut-elle.
Ainsi fut fait.

     Le colporteur, installé dans la plus belle chambre du logis, dîna, le premier soir, fort copieusement. Comme la servante, qui avait porté les plats, venait pour desservir, le "Rat", à l'idée de ce premier jour terminé dans l'abondance et l'oisiveté, s'écria: "ça y est, j'en tiens un!".
La servante sursauta, mais cachant son trouble, s'esquiva prestement.
     

     Le lendemain, ce fut l'un des deux domestiques qui lui servit les repas. Le soir, après souper, mon aïeul se félicita de nouveau: "Et de deux!", dit-il pendant que le valet débarrassait le couvert. Celui-ci faillit échapper les assiettes, rougit violemment et s'engouffra dans l'escalier précipitamment.

     Le troisième jour, le dernier serviteur apporta le plateau. " Ce coup-là, je les tiens tous les trois!" se félicita le "Rat", trop heureux de faire mentir la prophétie
Aussitôt, le domestique se jeta à se pieds et se mit à l'implorer: " Pitié! Ne dites rien!"

     Car, tu l'as deviné, les trois serviteurs étaient complices et avaient dérobé le fameux brillant.
     Le "Rat" était bon, autant que rusé. Aussi c'est en ces termes qu'il s'adressa au pauvre bougre :"Tu vas faire ce que je te dis. Prépare une pâtée bien épaisse, mets-y la bague et donne la pâtée à ce gros jars qui fait tant de bruit et ne cesse de me réveiller chaque matin. Je m'occupe du reste."
     Un moment après, il alla trouver son hôtesse, qui lui demanda: "Alors, pouvez-vous me dire où est mon brillant?
- Bien sûr. Faites tuer votre jars, la bague est dans son gésier".
Ainsi fut fait. La bague fut retrouvée, le "Rat" congratulé pour sa perspicacité, les trois voleurs par là même épargnés et le jars mangé.

     Le lendemain, la maîtresse de maison, intriguée malgré tout par les dons de son hôte, voulut l'éprouver de nouveau.
"Voyons! Vous avez retrouvé ma bague. C'est bien. Mais saurez-vous me dire ce que contient cette soupière?"
     Notre homme était bien dans l'embarras. Ce que contenait la soupière, il n'en avait pas la moindre idée.
"Ce coup-là, mon pauvre rat, te voilà pris!" s'exclama-t-il en désespoir de cause.
L'hôtesse souleva le couvercle de la soupière d'où s'échappa ….un rat.
Inutile de dire combien le prestige du colporteur s'accrut.

La légende veut que sa fortune, après ce coup décisif, fut faite.

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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 15:24

Secret du bonheur  (Conte africain)
 
Un enfant demande à son père :
 - Dis papa, quel est le secret pour être heureux ?
 Alors le père demande a son fils de le suivre ;
 
ils sortent de la maison, le père sur leur vieil âne et le fils suivant à
 pied.
 Et les gens du village de dire:
 - Mais quel mauvais père qui oblige ainsi son fils d'aller à pied !
 
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison, dit le père.
 
Le lendemain ils sortent de nouveau, le père ayant installé son fils sur
 l' âne et lui marchant à côté.
 Les gens du village dirent alors :
  - Quel fils indigne, qui ne respecte pas son vieux père et le laisse
 aller à pied !
 
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
 
Le surlendemain ils s'installent tous les deux sur l'âne avant de quitter
 la maison.
 Les villageois commentèrent en disant :
 - Ils ne respectent pas leur bête à la surcharger ainsi !
 
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
 
Le jour suivant, ils partirent en portant eux-mêmes leurs affaires, l' âne
 trottinant derrière eux.
 Cette fois les gens du village y trouvèrent encore à redire :
 - Voilà qu'ils portent eux-mêmes leurs bagages maintenant !
 C' est le monde à l'envers !
 
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
 
Arrivés à la maison, le père dit à son fils :
 - Tu me demandais l'autre jour le secret du bonheur. Peu importe ce que
 tu fais, il y aura toujours quelqu'un pour y trouver à redire. Fais ce qui
 te plaît et tu seras heureux

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  Rives des songes.MFD.Jipé (2)

Parc du Chateau de la Motte TILLY

 

 

La reconnaissance vieillit vite.

Aristote 

 

J’ai fait un rêve dans le temps passé
Quand l’espoir était brillant
Et que la vie valait la peine d’être vécue
J’ai rêvé que l’amour ne mourrait jamais.
Les misérables

 

Pensées du jour

La patience guide l'espoir en terrain inconnu.
 
L'espoir est une lumière dans un océan de ténèbres.
 
BSS.CB.JP (13)
 
Quand il n'y a plus d'espoir il y a encore un petit espoir
 
 
 
 
 
 

Le champ du monde

 

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