22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 18:55
Les trois antilopes

 

Autrefois, il y avait moins de gibier qu'aujourd'hui. Les antilopes surtout étaient peu nombreuses. En fait, leur troupeau se résumait à deux femelles, si bien que les antilopes ne pouvaient pas se reproduire. Très malheureuses, les femelles n'arrêtaient pas de se plaindre, mais personne ne savait les conseiller ni les aider.
Ces plaintes incessantes agaçaient prodigieusement l'Esprit des Eaux, qui habitait la fontaine à laquelle les antilopes venaient s'abreuver. Exaspéré, il leur dit :
"Je suis las de vos lamentations. Je vous promets de transformer en antilope mâle le premier animal qui viendra boire à ma fontaine. Ainsi, vous serez trois. "
Heureuses, les antilopes se dissimulèrent dans les buissons pour guetter leur futur compagnon.
Voilà qu'un homme suivi de son fils arriva à la fontaine, et nos antilopes recommencèrent à se plaindre :
"Nous ne voulons pas d'homme ! "
L'homme dressa l'oreille :
" Quelles sont ces voix ? "
Mais le jeune homme, assoiffé, but à la fontaine sans plus attendre. Aussitôt, il se transforma en antilope sous le regard médusé de son père. Celui-ci comprit, cependant, ce qui venait d'arriver. Il soupira :
" Hélas, mon fils ! Si tu rencontres les hommes, enfuis-toi. Si tu croises les éléphants, sauve-toi. Mais si tu aperçois les antilopes, joins-toi à elles. "
Sur ces paroles, il s'en alla. Nos deux antilopes voulurent s'enfuir, mais le nouveau venu les rattrapa. Une nouvelle vie commença. Bientôt, les deux femelles eurent des petits, et le premier troupeau se forma. Depuis ce temps, les antilopes se multiplièrent au point qu'aujourd'hui nul ne saurait les compter.
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27 janvier 2008 7 27 /01 /janvier /2008 18:18

Le diable danse à St-Ambroise

 


La danse, à cette époque, était défendue.  Les curés en parlaient en chaire;  ce n'était pas un cadeau.  Bien sûr, on blâmait les joueurs de violon qui faisaient danser les gens des grandes nuits de temps.   Ce n'était pas facile d'amuser le monde, encore moins de danser.

Or, il y avait une salle de danse à Saint-Ambroise.  Et évidemment, la danse n'était pas permise là, comme n'importe où ailleurs. Un bon samedi,  vers neuf heures du soir,  arrive un gars avec un beau cheval noir, bien attelé à une voiture. Il attache son cheval devant la porte.  Puis, il entre dans la salle, vêtu de façon très élégante et coiffé d'un magnifique chapeau de castor.

L'homme invita une demoiselle à danser. Il portait des gants, mais il ne voulait pas les enlever; pas plus qu'il ne voulait enlever son élégant manteau et son chapeau de castor.   À un moment donné, au beau  milieu de la danse, la jeune fille le laisse là et va rejoindre son groupe d'amis.  Quand il voit ça, le gars va demander une autre fille pour danser.  L’autre fille refuse, l'homme la rendait mal à l'aise, elle trouvait que c’était un gars étrange.

Alors, l'individu partit comme un diable en furie.  Mais avant de s’en aller,  ouvrant la porte, il allongea son bras, puis il estampa ses cinq doigts sur le cadre de la porte.  C’était imprimé en rouge, rouge comme du beau sang. Les danseurs et les musiciens étaient bien découragés de voir ça !  Ils sont donc tous sortis dehors pour aller voir ce gars-là, et où il était allé.  Le gars avait disparu.  Ils ne voyaient plus ni son cheval, ni sa voiture.


 

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27 janvier 2008 7 27 /01 /janvier /2008 18:16

SANS TITRE

Un jour d'orage et de furieuse tempête, un des serviteurs du château de Ventadour traversait la forêt en conduisant un char attelé de bœufs. Le tonnerre grondait, le vent agitait la cime des arbres, l'éclair sillonnait la nue, le tintement lugubre de la cloche appelait tous les fidèles à la prière. Le bouvier, effrayé, fait une invocation à Notre dame du Bon Secours. A peine cette invocation faite, une lumière mystérieuse, enveloppant comme une dame vêtue de blanc et resplendissante de beauté, lui apparaît au pied d'un arbre. Les bœufs s'arrêtent ; le bouvier, arrivé au château, s'empresse de conter l'apparition miraculeuse. Le noble seigneur, la noble dame de Pennacorn se transportent sur les lieux et quelle n'est pas leur admiration de trouver une statue en pierre au pied d'un arbre ! Nul doute, c'est bien la Vierge miraculeuse. On la transporte au château ; mais là, malgré le trône d'or qui lui sert de siège, malgré les hommages dont elle est entourée, la Vierge revient la nuit dans la forêt, au pied du chêne où la vit le bouvier. Des ermites consultés déclarent que la Vierge devra être transportée dans une des chapelles de la basilique de Neuvic.

 

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27 janvier 2008 7 27 /01 /janvier /2008 18:12

L'HOMME QUI VEUT FAIRE LE MÉNAGE 

Il y avait une fois un mari querelleur et tracassier, qui ne trouvait jamais que sa femme fit assez de besogne dans la maison. Un soir qu'il revenait de faucher, il gronda et cria si fort que sa bonne femme lui dit : -Pourquoi donc faire ainsi " l'availlant ? " Veux -tu que demain nous changions de besogne ? Tu prendras place à la maison et moi, j'irai faire ton ouvrage dans les champs ; pour une fois, du berger, j'entendrai la sérénade ! .. L'homme y consentit de grand cœur, riant de cette naïveté. Belle besogne ! se disait-il Dix femmes ne font pas, en un jour, autant de travail qu'un seul homme. Le lendemain, donc, de bon matin, la femme partit pour les prés, la faux sur l'épaule. Le mari voulut d'abord faire du beurre ; mais après avoir battu la crème pendant quelques minutes, il se sentit altéré, et descendit à la cave tirer du cidre. Pendant que sa chopine se remplissait, il entendit qu'un cochon entrait dans la maison, et, craignant qu'il ne renversât la baratte, il courut le chasser, sans prendre le temps de remettre le douzil (le fausset). Mais la baratte était déjà renversée, et lou gagnou barbotait dans la crème, qui rigolait sur le pavé. A ce tableau, notre homme entra dans une telle colère qu'il oublia le tonneau de cidre, et se mit à poursuivre le cochon à toutes jambes. Quand il l'eût atteint, il lui asséna un coup si violent avec le chambalou qu'il l'étendit roide mort à terre. Il remarqua alors qu'il avait encore le fausset en main, et il se hâta de descendre à la cave ; mais il était trop tard, tout le cidre avait coulé hors du baricot. Un peu confus, il revint à la maison et trouvant encore assez de crème pour remplir la baratte, il recommença à faire du beurre pour le diner. Après avoir baratté un quart d'heure, il se souvint que la vache était encore à l'étable, et qu'il ne lui avait rien donné, ni humide, ni sec, quoiqu'il fût déjà tard. Comme il n'avait pas le temps de la mener au pâturage, il prit le parti de la faire monter sur le toit, car la cabane était couverte de gazon, et l'herbe en était haute et épaisse. La maison étant appuyée contre un coteau, il suffisait de l'unir au faîte par une planche pour que la vache pût arriver sur le toit.

Mais notre homme n'osait quitter la baratte, car le veau courait et cabriolait tout alentour, et il était à craindre qu'il ne la culbutât. Il prit donc cette baratte sur son dos en allant faire boire la vache, avant de la mener sur le toit. Mais quand il se baissa pour tirer de l'eau, la crème lui tomba dans le cou, puis coula dans le puits. Cependant midi approchait, et il n'avait pas encore de beurre. Il résolut alors de faire de la bouillie, et il suspendit dans l'âtre une marmite pleine d'eau.Puis songeant tout à coup que la vache pourrait faire une chûte et se casser les membres, il monta près d'elle pour l'attacher,et lui passa autour du cou une corde dont il eût soin de laisser tomber un bout par la cheminée,afin de se le lier autour de la jambe, car l'eau bouillait déjà dans la marmite, et il avait à broyer le gruau.
Comme il était ainsi occupé, s'évertuant à réparer le temps perdu, la vache fit une chûte, et son poids tira brusquement l'homme par le tuyau de la cheminée Il y resta suspendu, criant comme un possédé et se battant avec les murs noirs de suie, tandis que la bête planait entre ciel et terre. La femme qui avait longtemps attendu que son mari lui apporte le mereindé, perdit enfin patience : elle se douta de quelque mésaventure, et elle revint à la maison. Quand elle vit la vache dans cette position, sans pouvoir comprendre ce qui était arrivé, elle se hâta de couper la corde avec la faucille, et, au même instant, l'homme dégringolait dans lou pérol. Il en eût assez de cette expérience : Le lendemain, il alla faucher.

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27 janvier 2008 7 27 /01 /janvier /2008 18:07
 

L'histoire de la VACHE qui s'appelait MOUTON

Jean-Noël SAINTRAPT

 

     Il y a longtemps bien longtemps, dans les champs du côté d'Aubusson, toutes les vaches étaient rouges. Enfin pas tout à fait rouges, un peu marron quand même mais on disait rouge.

     Il y a longtemps bien longtemps, un fermier arriva dans un pré et il était accompagné. Une vache le suivait. Les autres vaches attendaient... Une nouvelle amie ! Quel bonheur ! Elle allait leur raconter d'où elle venait, si l'herbe était meilleure là où elle était avant et si elle avait bien la même couleur.

     Il y a longtemps bien longtemps, une nouvelle vache arriva dans un pré et toutes les autres vaches se mirent à rire à son arrivée. La nouvelle vache était blanche ! pas rouge, même pas marron, la nouvelle vache était toute blanche! ''Bonjour, dit quand même Tomate, la vache la plus rouge de tout le troupeau de vaches rouges, bonjour, dit-elle donc, comment tu t'appelles ?''

     Il y a longtemps bien longtemps, Tomate demanda son nom à la vache blanche et la vache blanche baissa la tête, elle ne voulait pas dire son nom parce que le fermier, comme elle était blanche et bouclée, l'avait appelé MOUTON. Pauvre vache blanche qui s'appelait Mouton et qui faisait rigoler toutes les vaches rouges... Elle pensait, dans son pays, toutes les vaches étaient blanches et une vache rouge qui s'appelait Tomate, ça aurait bien fait rigoler aussi.

     Il y a longtemps bien longtemps, dans un pré du côté d'Aubusson, l'hiver est arrivé et la neige est venue avec. Les vaches rouges n'aimaient pas l'hiver et encore moins la neige parce qu'elles savaient que le loup ne trouvait plus rien à manger et que s'il pouvait attraper un petit d'une vache rouge, il en faisait de la chair à pâté avant de le manger tout cru !

     Il y a longtemps bien longtemps, un jour où la neige recouvrait tout, le loup affamé se mît à rôder autour d'un pré du côté d'Aubusson. Il avait repéré le petit d'une vache rouge pour en faire son quatre heures. Il s'approcha à pas de loup... normal, puisque c'était un loup et se prépara à bondir sur le petit veau qui n'avait rien vu. Quand soudain....

     Il y a longtemps bien longtemps, une vache blanche que personne ne voyait dans la neige, fît la peur de sa vie à un loup qui voulait attraper un petit. Le loup prêt à bondir, vit se lever devant lui comme une montagne de neige avec deux grosses cornes ! Ce loup n'avait jamais vu de vache blanche et lui, comme elle lui courait après et qu'elle voulait l'attraper, ça ne le faisait pas rire du tout.

     Il y a longtemps bien longtemps, dans un pré du côté d'Aubusson, grâce à une vache blanche, les vaches rouges n'avaient plus peur de l'hiver, plus peur de la neige et plus peur du loup. Elles ne rigolaient plus du tout des vaches blanches qu'elles trouvaient courageuses et Mouton, la première vache blanche qu'elles avaient connue, était la reine des prés du côté d'Aubusson.

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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 21:24

 


  
« Une misérable dont la légende a étouffé le nom et la honte, avait osé vendre au démon, en échange de déshonorantes passions, son âme immortelle, et ses éternelles félicités. L'esprit impur ne parut pas satisfait du marché; il voulut aussi posséder le corps de son infortunée victime. Abusant de sa puissance, son infernale malice la jeta sur le rocher qui ne présentait pas l'aspect triste d'aujourd'hui: on eut dit une émeraude flottant sur les ondes, étalant la verdeur des arbrisseaux et les teintes de ses fleurs. Mais sitôt que le pied maudit la vint toucher, les corolles se replièrent flétries, les arbrisseaux périrent desséchés!
Depuis plusieurs semaines, semaines d'angoisse et d'épouvante, elle était là, cheveux épars, secouant des bras noircis, clamant plus fort que les vagues. Souvent dans l'exaltation et les crises de désespoir, la malheureuse se précipitait éperdue au milieu des flots, et les flots effrayés la remettaient soudain sur son rocher et s'enfuyaient d'horreur!
La paroisse entière fut le témoin atterré de ces scènes lugubres; nul ne les pouvait envisager sans frémissement, et quelques-uns moururent de convulsions de terreur. Les mères défendaient aux enfants de regarder le rocher maudit et les grandes personnes se signaient à son aspect. Le saint Curé, lui, paraissait seul ne pas savoir le fait, ni s'en émouvoir; mais dans son intention, il suppliait le ciel qu'un si exemplaire châtiment vint enraciner au fond des cœurs la répulsion et la haine du vice ignominieux.
Cependant, un jour, un groupe consterné accourut le conjurer de rendre la paix au village, en adjurant le diable de livrer sa victime et de retourner à son éternel supplice. Un instant le pasteur se recueille, lève au ciel des yeux calmes qui s'emplissent de larmes; puis joignant ses mains longues et décharnées: « J'y vais, mes enfants, dit-il; mais vous, priez, priez encore, priez toujours! » À ces mots il s'embarqua sur les vagues houleuses, guidant lui-même son esquif.
Les paroissiens échelonnés en longue file sur la rive, le front dans le sable, récitaient avec ferveur les psaumes de la pénitence. En voyant approcher d'elle la barque, la malheureuse se prit à se tordre sur le roc, poussant des hurlements à faire peur et pitié à la fois. Le prêtre cependant avait laissé l'embarcation et, pieds nus, lentement gravissait le rocher, lorsque soudain il se voit en face du hideux personnage, à l'œil enflammé, à la respiration entrecoupée; une main se crispait dans sa chevelure humide, l'autre, d'un geste menaçant montrait les flots en courroux; la lutte allait s'engager entre l'ange de Dieu et Satan invisible.
La peur circule à travers les rangs, au rivage. Par un de ces pressentiments qui lui sont habituels, le saint vieillard en est averti, et, se retournant vers ses fils, il trace un long signe de croix qui fait rugir la possédée mais rend aux enfants la confiance: ils se remettent à prier.
Le prêtre aussitôt récite avec force les foudroyantes formules de l'exorcisme auxquelles le diable terrorisé se voit contraint d'obéir en maudissant. Cette fois, il se décide pourtant à la résistance, et une scène terrible se déroule sur le rocher qui tremble d'abord, puis bondit comme un vaisseau qui va sombrer; d'affreux hurlements échappent de tous les autres, et l'infortunée, se frappant la tête contre les pierres, vomit des propos d'enfer; quand tout à coup elle disparaît au sein des flots amoncelés. Aussitôt un énorme nuage voile le ciel de noir, le tonnerre roule les échos de sa grande voix, et les éclairs agitent dans les nues des épées de feu.
Ô Dieu! venez à notre aide; Seigneur! hâtez-vous de nous secourir, criait la foule du rivage: Ô Christ, qui avez délivré Madeleine des sept démons qui tenaient son âme captive, écoutez ma prière, soupirait le blanc vieillard sur le rocher.
L'heure est à l'angoisse commune, mais le ciel exauce les vœux. Dieu, par un prodige, vient fortifier l'espérance de son serviteur. Le roc, s'amollissant comme l'argile, garde l'empreinte de son pied droit, et, au même lieu, jaillit une source pure et intarissable.
L'âme de l'apôtre, touchée d'une main invisible, se sent frémir et est inondée de douceur: Seigneur, vous lui ôterez son cœur de pierre pour lui en donner un qui soit docile; vous ouvrirez dans ses yeux la source des saintes larmes qui appellent le pardon, et son pied s'affermira dans vos voies.
Aux accents de la prière la rosée descend des cieux. Soudain une vague écumante jette aux pieds du prêtre le corps de la jeune fille. A-t-elle péri? Non, non! Un frisson secoue les membres, les paupières s'ouvrent toutes grandes et le regard s'attache au bienfaiteur; quel regard! il se baigne d'une gratitude infinie! Heureuse, elle se relève vivement et murmure une prière de foi et d'amour. Tandis que le prêtre baisse sa haute stature, et que ses cheveux blancs ombragent comme un voile pudique la tête de la pécheresse, elle fait les aveux du repentir. Aux premières larmes qui jaillissent de ce cœur renouvelé, le ciel reprend ses teintes d'azur, le soleil déverse des gerbes lumineuses, et le rocher et les deux personnages paraissent, comme nimbés d'or: les anges voient la main du prêtre se poser pour effacer les dernières taches d'une honte qui n'est plus.
Là-bas, sur la rive, les larmes coulaient réconfortantes. Et lorsque la lionne rugissante, devenue brebis docile, se mit à suivre pas à pas le pasteur, un long cri de triomphante admiration jaillissant de toutes les poitrines, alla expirer jusqu'au rocher.
Un siècle a passé, et les paroissiens de l'Islet, sauvegardent de l'oubli, dans un souvenir fait de respect et d'admiration, la vie et l'œuvre du héros de ce drame. Sa mémoire survit dans l'appellation du rocher qu'ils vous montrent: le Rocher Panet.
Ô prodige! l'oeil du touriste aperçoit encore la mystérieuse empreinte; sa main puise à la source qui n'a pas tari: est-ce une attestation d'en haut en faveur du saint Curé? Si la foi antique semble trop crédule, n'est-elle pas la sève qui alimente dans les foyers chrétiens, la simplicité des mœurs pures, la verdeur des pratiques religieuses, la floraison des vertus, la maturité des oeuvres charitables? Que Dieu protège et développe une foi vigoureuse dans ces âmes chrétiennes, tendres et fortes! Que leur piété place encore, dans un coin de la plus belle armoire, à côté de l'Évangile et de l'Imitation, l'urne traditionnelle: Eau du Rocher Panet ! »
J.T. Jemmat

 






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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 21:24

Le rocher de 
Cap Chat
 

La Gaspésie connut cet été-là une sécheresse comme on en a rarement vu au Québec.  Personne n'avait pu faire de provisions, les greniers et les garde-manger étaient vides, les gens comme les animaux étaient affamés.  Et, comble de malheur, une épidémie décima les troupeaux.  On raconte même que les chats et les chiens en étaient réduits à chasser et à pêcher pour survivre.

C'est donc ainsi qu'un pauvre chat ayant erré dans les bois et dans les champs pendant plusieurs jours et n'ayant rien trouvé à se mettre sous la dent se rendit sur le bord du fleuve espérant que quelques poissons malchanceux soient éjectés par une mer turbulente à souhait.

Après avoir vainement surveillé la vague qui n'apportait que des algues, il se mit à fureter à travers les rochers qui bordaient la rive. Dans une cavité, il aperçut une famille de petits animaux qui sommeillaient. Il s'installa tout près et attendit patiemment ses proies. La plus turbulente des petites bêtes finit par pointer son nez au soleil. Croyant que le chat étendu sur le sable dormait paisiblement, elle se fit téméraire et se rendit l'examiner de plus près. Le chat lui sauta dessus avant même qu'elle ne puisse crier au secours!  Tout heureux de cette chasse si facile, il préféra laisser les autres petits s'éloigner pour avoir le plaisir de les attraper un à un, en les poursuivant sur la grève.

Repu, notre chat retourna au village.  À mi-chemin, un animal en colère lui barra la route.  C'était la Fée-Chat.  Notre chat affamé avait dévoré ses protégés et elle n'allait pas laisser sans aucune punition un geste aussi barbare.  Elle miaula si fort que tout le village frissonna de terreur.  Par sa magie, le chat fut enfermé dans la pierre du cap et le sera jusqu'à la fin des temps, histoire de rappeler à tous les conséquences d'un geste aussi cruel.

Je ne sais pas si c'est à cause de cette histoire, mais les enfants du village craignent depuis ce temps d'aller sur la grève à la nouvelle lune.


 
 







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20 octobre 2007 6 20 /10 /octobre /2007 17:02

LA REBETTE & LE HIBOU

 

 

 

Les hommes étant encore dans l'état sauvage et ne sachant subvenir à leurs besoins, l'un d'eux s'était, par un temps froid et humide, appuyé contre une haie, grelottant tristement et ne pouvant manger les acres aliments que lui fournissait la nature. Perchée sur une haie voisine, une rebette le regardait piteusement, elle aurait bien voulu partager avec lui les plumes qui l'abritait, mais l'homme était si grand et elle si petite. Il lui surgit tout à coup au cœur un projet immense, dans son petit corps s'alluma un grand courage ; elle avait résolu d'aller elle même au ciel implorer Dieu en faveur de sa créature : au ciel c'était bien loin pour la pauvrette ! Aussi vola-t-elle quatre jours entiers avant d'arriver, et le cinquième elle vint tomber haletante et inanimée sur le giron de Dieu.
Le Seigneur en eut pitié, il la prit dans ses mains, la réchauffa, la ranima de sa voix puissante et lui demanda la cause d'un si long voyage. L'oiseau lui raconta les souffrances de l'homme, Dieu se laissa attendrir par elle et lui confia le feu qui devait mettre un terme à toutes ces misères. La rebette revola vers la terre, heureuse de son succès. Dieu lui avait bien recommandé d'aller doucement de peur que, excitée par la résistance de l'air, le feu ne lui fit du mal, mais la bonne oiselle était si pressée d'arriver qu'elle oublia la recommandation, et ses plumes, ses jolies plumes dont elle était si fière et qui lui faisaient tant d'abri, ses jolies plumes furent brûlées.
Riche du présent de la rebette, l'homme ne tarda pas à découvrir l'usage qu'il pouvait tirer du feu pour se réchauffer, faire cuire ses aliments et se soumettre la nature, mais privé de son vêtement par trop de générosité, l'oiseau grelottait à son tour. Ses frères, les autres oiseaux, s'en aperçurent, et, saisis de compassion, ils résolurent spontanément de donner chacun une de leurs plumes pour revêtir l'infortuné. Cela fut fait immédiatement ; mais là, comme partout, il se rencontra un égoïste, le hibou, qui refusa de participer en rien à l'œuvre charitable ; les oiseaux en furent si indignés qu'ils se précipitèrent sur lui, et à grand coup de bec, ils le chassèrent de leur assemblée. Depuis cette époque le hibou vit seul, retiré pendant le jour dans le creux des murailles et n'osant sortir que la nuit ; mais cette retraite n'a pu désarmer la juste colère de ses frères ailés, car aujourd'hui encore, si pour un moment il veut braver la honte que devrait lui occasionner sa mauvaise action et s'aventure au milieu de ceux qui ne veulent plus le reconnaître, le peuple oiseau l'en fait ressouvenir en s'assemblant autour de lui, et le poursuivant de ses huées et de ses coups de bec, jusqu'à ce qu'il se soit réfugié dans le trou qu'il ne doit plus quitter à la face du soleil.

Jean FLEURY - Traditions populaires des environs de Cherbourg (1841

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20 octobre 2007 6 20 /10 /octobre /2007 17:02

LES CHATS FARCEURS

 

Défunt ma mère m'a raconté ce qui lui arriva une fois en puchant la lessive. C'était à Flamanville. Il y avait sur le feu une grande timbale remplie d'eau bouillante. Tout à coup un bruit se fait dans la cheminée, puis il en tombe une trivelaine de chats gris, noirs, rouges et blancs.
- Elle eut bien peur ?
- Pas trop. Qu'est ce que ces chats pouvaient lui faire ? Ils paraissaient gelés.
- Chauffez vous, minets, leur dit elle.
Les chats ne se firent pas prier ; ils s'installèrent près du feu, au bord des cendres, et se mirent à ronronner de satisfaction.
Ma mère attendait ce qui allait arriver. Elle pensait à un trésor, et cela lui aurait fait bien plaisir, à la pauvre vieille ! Mais Bonnin Mongardon, qui puchait avec elle, eut l'idée d'éprouver si c'était des vrais chats, des goublins ou des sorciers. Elle leur jeta de l'eau bouillante sur le dos, les chats se sauvèrent en soufflant et elle ne les revit plus.
- Il n'y a rien là de drôle.
Non, mais ce qu'il y avait de drôle, c'est que le lendemain il y avait plusieurs gens du village qui n'osaient se montrer parce qu'ils avaient été brûlés. Ils s'étaient changés en chats pour faire une farce à ma mère, mais c'est eux qui avaient été attrapés.
Il y a des herbes qui, lorsqu'on en mange, peuvent vous tourner en toutes sortes de bêtes. Moi qui vous parle, j'ai connu à Flamanville un homme qui se mettait en mouton et allait se promener comme ça sur les falaises.

Jean FLEURY - Littérature orale
de la Basse Normandie (1884)

 

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5 octobre 2007 5 05 /10 /octobre /2007 19:51

Le conte de la roue à moudre du moulin Champeaux

Pierre GANDOIS

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     L’histoire de la roue à moudre du moulin Champeau a pour cadre la Vézère, dans sa partie qui est au nord du bourg de Bugeat, et au sud du village de Mouriéras, là où se trouve un moulin à moudre les céréales, le moulin Champeau, alimenté par les eaux de la Vézère, dont un canal dérive une partie du flot, créant un courant d’eau qui fait tourner un moulin à aubes. Cette histoire, en ce début des années 2000, un petit enfant pourrait l’entendre raconter par un arrière-grand-père centenaire. Cela se passait en effet dans ces années où la France et l'Allemagne s'affrontaient en Afrique dans des escarmouches qui ne permettaient pas de deviner que se préparait la tragédie de la Grande Guerre, et vers cette époque où le bâtiment de l’école des garçons et de la mairie de Bugeat était construit, tout à côté de l’église ; on était donc dans les années 1910-1911.

     Dans ces jours de la fin de l’été 1911, d’un été qui avait été peu ensoleillé et pluvieux, cette nouvelle école de Bugeat, tout juste construite, magnifique dans son granit pailleté de mica, avait commencé à agiter les esprits dans le bourg de Bugeat et dans les villages des alentours. Les discussions allaient bon train, et la question qui préoccupait beaucoup de pères et de mères de famille était de savoir quand et comment leurs enfants allaient pouvoir se rendre à cette école. La rentrée n'aurait peut-être pas lieu à la date qui avait été prévue et affichée à la porte de la mairie, pour beaucoup de ces enfants. Les pluies avaient fait prendre du retard dans les travaux des champs, et garçons et filles devaient aller dans les prairies et dans les terres labourées pour aider aux récoltes.

     Et puis, dans quelques fermes des collines qui dominent Mouriéras, une autre question se posait : comment les enfants, les plus petits, mais aussi ceux des grandes classes de l'école primaire, allaient-ils pouvoir se rendre chaque jour de la semaine, mais pas le jeudi bien sûr, à leur école ? C'est que les campagnes de cette époque-là étaient couvertes de cultures, de prairies, de fermes, mais les chemins étaient en mauvais état, et les ponts sur les ruisseaux et les rivières étaient rares, et parfois branlants. Et il y avait un hameau, celui qui était le plus proche du moulin Champeau, celui où vivait le meunier ( et son fils, comme dans la fable de La Fontaine ), qui était mal desservi par les routes et les chemins. Pour tout dire, on ne pouvait aller de ce hameau jusqu'à Bugeat qu'en franchissant le gué d'un petit ruisseau affluent de la Vézère qui rejoignait la rivière au droit du moulin Champeau, ou bien en faisant un grand détour par des chemins caillouteux.

     Pas question pour les enfants du hameau, et pour le fils du meunier qui était le plus jeune de ces enfants, de faire le grand détour qui évitait le passage à gué du ruisseau, c'était trop long, trop fatiguant. Le fils du meunier avait sept ans, et faire six kilomètres pour se rendre à l'école était hors de question. Prendre le raccourci qui mettait l'école à deux kilomètres du village ? Oui, mais comment passer le ruisseau pendant les mois d'hiver, au moment où les pluies grossissaient.

     Il ne se passa rien dans le hameau jusqu'au jour de la rentrée des classes. Ce matin-là, il pleuvait, comme il avait plu depuis des jours et des jours, et le ruisseau du moulin Champeau était gros comme jamais. La petite troupe d'enfants avait quitté le hameau en direction du moulin Champeau, sachant qu'on ne pourrait pas franchir le ruisseau et rejoindre Bugeat et l’école, mais filles et garçons étaient partis de bon matin tellement ils avaient envie d'aller à cette école qui faisait peur et rêver à la fois. En approchant du moulin, du ruisseau, de la Vézère, le fils du meunier fut le premier à se rendre compte que l'on n'entendait plus le bruit de la roue à aubes, et le son particulier de la meule courante qui frotte sur la meule dormante pour écraser les grains de sarrasin ou de seigle. Le moulin avait été débrayé !

     Cela était inconcevable à cette époque de l'année où l'on ne pouvait pas dire au meunier, comme dans la chanson : "meunier, tu dors", tant le brave homme travaillait, du matin au soir. Et puis, miracle ! Il y avait un pont sur le ruisseau torrentueux, une large et épaisse pierre circulaire, percée en son centre, la roue tournante du moulin, qui avait quitté l'abri de granit couvert de chaume du moulin Champeau, et qui s'était posée, comme un mégalithe massif qui défiait les flots, sur le petit ruisseau.

     Les enfants, sans comprendre, franchirent le pont de pierre et arrivèrent bien à l'heure à leur école. Et il en fut de même le jour suivant, et encore le jour d'après, et les jours suivants. Tout au long de cet automne, on mangea un peu moins souvent des galétous à la farine de blé noir dans les fermes des environs de Mouriéras ; le moulin avait été débrayé, la roue enlevée, la farine manqua ( puis, rapidement, la solidarité des campagnes joua et les fermes purent faire moudre leurs grains dans un autre moulin ). Mais les enfants allaient à l'école et on n'entendait personne se plaindre.

     Il fallut quelques jours pour comprendre cet évènement extraordinaire qui avait vu une roue à moudre d'un moulin se transformer en pont sur un ruisseau en crue. Ce qu'il y avait à comprendre, c'était qu'un homme calme et courageux, le meunier, avait passé une grande partie de la nuit, seul dans le noir, sous la pluie, à faire bouger cette énorme roue à moudre, si lourde, centimètre par centimètre, au prix d’un immense effort, pour lui faire parcourir les quelques mètres séparant le moulin du ruisseau ; il avait sacrifié ce qui lui tenait tant à cœur, son travail, son gagne-pain, pour faire passer son fils et les autres enfants des hameaux au-dessus de ce ruisseau boueux vers l'école où ils allaient apprendre ce qu'il faut savoir pour que la vie dans ces campagnes devienne moins difficile.

 

     Cette énorme pierre que le meunier, de la seule force de ses bras, avait déplacé pendant la nuit, les promeneurs d'aujourd'hui peuvent encore la voir, égarée sur les bords de la Vézère ; cette pierre leur rappelle, s'il connaissent cette histoire, qu'il était une fois une roue à moudre, un moulin, des enfants et leur école, et un meunier plein de courage et de générosité.

Un grand merci à: http://champjl.chez-alice.fr/

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J’ai fait un rêve dans le temps passé
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Et que la vie valait la peine d’être vécue
J’ai rêvé que l’amour ne mourrait jamais.
Les misérables

 

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BSS.CB.JP (13)
 
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