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Neuf siècles de tradition…

Villedieu-les-Poêles, petite cité normande, abrite depuis le Moyen-âge un centre renommé pour le travail du cuivre. Venus de Lorraine, les premiers fondeurs de cloches, s’y installèrent au 16^ème siècle. Ils exerçaient alors un métier itinérant. Chaque année au printemps, les fondeurs se rendaient dans les villes et les villages avoisinants pour fabriquer la cloche, sur place, au pied du clocher auquel elle était destinée. A chaque fois, ils construisaient le four dans lequel ils fondaient le bronze.

La construction de l’atelier de Villedieu date de 1865. Elle coïncide avec la mise en service de la ligne de chemin de fer Paris - Granville. Entièrement conçu par Adolphe Havard, ingénieur polytechnicien, l’atelier a subi depuis peu de transformation. On utilise encore le chemin de roulement en bois pour déplacer des pièces pouvant peser jusqu’à plusieurs tonnes. L’airain est fondu dans un four réverbère à double voûte, construit il y a presque 2 siècles. Les outils en cuivre caractéristiques de Villedieu sont toujours là et les ouvriers reproduisent les mêmes gestes que leurs aînés, appliquant un savoir-faire transmis par des générations de professionnels.

Les héritiers de cette tradition construisent encore au trousseau des moules à base d’argile, de crottin de cheval et de poil de chèvre dans lequel viendra couler le bronze en fusion à près de 1200°c.

Les planches à trousser qui conditionnent la qualité sonore de la cloche, autrefois en bois,  sont aujourd’hui modélisées sur informatique et découpées au laser.

Un analyseur de spectre électronique permet à l’accordeur de contrôler les notes partielles de la cloche et d’affiner ainsi son accordage.

Comme à la Renaissance,  la Fonderie de Cloches Cornille-Havard collabore avec des artistes reconnus pour créer le patrimoine campanaire de demain.

Des gravures polychromes de Marc Antoine ORELLANA aux créations inspirées des icônes coptes rehaussées de feuille d’or de Virginie BASSETTI un véritable renouveau de l’Art Campanaire se fait jour.

La fonderie CORNILLE HAVARD,

        spécialiste de l’Art Campanaire 

L’entreprise a su évoluer vers l’ensemble des métiers du clocher, équipements mécaniques des cloches, beffrois en bois ou en métal, abat-sons, électrification des cloches, paratonnerres, cadrans… Elle est un des rares spécialistes de l’Art Campanaire.

Luigi BERGAMO, Directeur, a été récompensé pour ses travaux de recherche et son souci de transmettre son savoir faire aux prochaines générations en recevant le titre de   Maître d’Art en 1998 des mains du Ministre de la Culture.

«Qu’est-ce qu’un Maître d’Art ?

C’est un professionnel d’excellence, exerçant un métier rare et investi de la responsabilité de transmettre son savoir-faire à un Elève de son choix...Il est également attaché à l’acte de création : chacune de ses productions est une œuvre unique, qui mobilise toute son ingéniosité et son talent.».   

De par son savoir-faire en fonderie à la « cire perdue », l’entreprise a aussi évolué vers la fonderie d’art et la fonderie de décoration.

La fabrication des cloches

Une cloche est à la fois une pièce de fonderie d’art et un instrument de musique.

Comme toute pièce de fonderie, la fabrication commence par la construction d’un moule ayant la forme en creux de la cloche et dans lequel on versera du bronze en fusion.

La note de chaque cloche est déterminée par sa géométrie c’est à dire qu’elle dépend de son profil donc de sa taille et du rapport entre son épaisseur et son diamètre.

Plus la cloche est grosse, plus elle sonne grave et à diamètre constant, plus la cloche est épaisse, plus la note est aiguë.

Chaque cloche fait donc l’objet d’une étude spécifique.

La Fonderie de Cloches CORNILLE HAVARD est la première au monde à avoir modélisé ses tracés sur ordinateur ce qui lui permet d’affiner encore ses propres profils ou de recréer les profils de fondeurs disparus.

La fabrication du moule.

A partir du diamètre et de la note voulue, nous calculons les tracés ou profils intérieurs et extérieurs de la cloche sur ordinateur et les découpons sur une tôle de laiton à l’aide d’une fraiseuse à commande numérique.

Les gabarits ainsi obtenus seront fixés en 2 points sur un axe. En faisant tourner ce gabarit autour de l’axe, le mouleur aura ainsi les formes à remplir pour construire les différentes parties du moule.

Cette technique s’appelle le moulage au trousseau.

Il va ainsi fabriquer un moule en 3 parties :

• La première partie, le noyau,  va donner la forme intérieure de la cloche.
• La deuxième partie, la fausse cloche, donnera la forme extérieure de la cloche.
• La troisième partie, la chape servira de coffrage extérieur.

Le matériau utilisé pour construire le moule est un mélange d’argile, de poils de chèvre et de crottin de cheval. Le crottin de cheval augmente la résistance de l’argile à la chaleur, quant au poil de chèvre, il sert d’armature souple, poreuse  et résistante.

1^ère partie : Le noyau

            Sur une maçonnerie de briques réfractaires qui va servir d’armature de soutien au reste du moule, on vient poser couche par couche un mélange d’argile, de poil de chèvre et de crottin de cheval pour venir épouser la forme du gabarit.

Pour sécher les couches, on entretient à l’intérieur du moule un foyer de charbon de bois.

2^ème partie : La fausse cloche

            On utilise maintenant le deuxième gabarit pour donner la forme extérieure de la future cloche. Cette fausse cloche est façonnée avec un mélange d’argile et de poils de chèvre . C’est en fait le modèle de la future cloche. On va ensuite l’enduire de cire pour la lisser parfaitement et poser  les décors et inscriptions estampés dans la cire à partir de bois sculptés.

3^ème partie : La chape

La fausse cloche est enrobée du même mélange d’argile, de crottin de cheval et poils de chèvre.

Les premières couches sont passées au pinceau de façon à prendre l’empreinte de tous les décors. Ainsi  prend forme une véritable carapace qui résistera à la chaleur et à la pression du métal et que l’on appelle la chape.

Par le chauffage plus intensif du moule, les décors en cire fondent et laissent leur empreinte en creux et à l’envers à l’intérieur de la chape.

Le suif ayant fondu, on soulève la chape. On casse la fausse cloche et on repose la chape sur le noyau.

On obtient alors un vide correspondant  à la forme de la fausse cloche  dans lequel  on versera métal en fusion.

Le bronze de cloche est un alliage de 78% de cuivre et 22% d’étain qu’on appelle aussi l’airain. Il est fondu à près de 1200°c.

Pour les cloches de moins de 450 kg, le métal est fondu dans un four à creuset. Une poche de coulée est déplacée à la main ou à l’aide d’un palan pour amener le bronze du four jusqu’au moule.

Pour les cloches de plus de 450 kg, on utilisera un four réverbère du XIXème siècle chauffé au bois et au charbon flambant. Les moules sont construits et enterrés dans des fosses.

Un canal en briques construit sur le dessus de la fosse guidera le métal qui se déversera par gravité du four jusqu’aux moules.

Le remplissage des moules est très rapide, puisqu’en quelques minutes nous allons couler 5 à 10 tonnes de métal.

Après la coulée, le métal va refroidir pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, la terre qui avait été soigneusement damée autour des moules pour augmenter leur résistance, est dégagée. La chape est ensuite cassée. La cloche enrobée d’argile brûlée sera sablée, brossée, ciselée puis polie.

Quand on sonne une cloche, on n’entend pas une seule note mais un bouquet de notes que l’on appelle les harmoniques ou partielles. Un analyseur de spectre électronique utilisé pour le contrôle de la sonorité nous permet de visualiser ces partielles sur un écran en fonction des fréquences associées.

Selon la tradition chrétienne, les cloches sont toujours accordées sur les 5 premières harmoniques.

-          Le nominal qui caractérise la cloche

-          Le fondamental, note à l’octave inférieure

-          Le bourdon, note à la 2^ème octave inférieure

-          La tierce mineure de la note fondamentale

-          La quinte de la note fondamentale

Nous pourrons alors affiner l’accordage par un léger meulage intérieur pour faire évoluer telle ou telle harmonique et ainsi obtenir une cloche parfaitement consonante et accordée par rapport aux autres cloches auprès desquelles elle devra sonner.

La cloche sera utilisée seule ou en combinaison avec d’autres cloches de tonalités et de tailles différentes. Cet ensemble de cloches forme un carillon dont les marteaux sont actionnés soit par un clavier soit par des automates.

La fonderie fabrique également des petites cloches pour les maisons, les bateaux, les cloches de récréation … Celles-ci peuvent être personnalisées au nom de votre maison, de votre famille  ou de votre bateau … comme pour le Queen Mary II ou le Charles de Gaulle.

De février à novembre l’entreprise vous propose de visiter son atelier du XIX ème siècle et découvrir un savoir faire rare grâce à une vie guidée.

INFOS PRATIQUES 

Dates et horaires 2008 :      du 15/02/08  au 11/11/08, du mardi au samedi de 10h à 12h30

                                                                                                                  et de 14h à 17h30.

                                          du 12/07/08 au 30/08/08,      ouvert tous les jours de 9h à 18h.

Durée de la visite :       Visite guidée de 25 mn,  prévoir un arrêt d’une heure.

Droit d’entrée «  individuels » :           4,80 €  -      

                        Enfants de 6 à 12 ans : 3,90 €. 

 Source:Sté Cornille-Havard 50 800 Villedieu les poêles Tel:03.33.61.00.56

info@cornille-havard.com

Avec l'aimable autorisation et complicité de Madame Françoise Bergamo sa Présidente.