Louis XIV
(le Roi-Soleil, Louis le Grand)
Né en 163 Fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, il a régné personnellement à partir de 1661. Il a épousé Marie-Thérèse d’Autriche) puis Madame de Maintenon. Ni son fils, le Grand Dauphin, ni son petit-fils, le Duc de Bourgogne, ne lui ont survécu. Il a fait aménager le petit château de son père, pour en faire un palais de style classique. Il adorait tout particulièrement les Jardins pour lesquels il rédigea personnellement un guide de visite.
Voici ce que disent du roi ses contemporains
Une taille de héros, toute sa figure si naturellement imprégnée de la plus imposante majesté qu'elle se portait également dans les moindres gestes et dans les actions les plus communes, sans aucun air de fierté, mais de simple gravité ; proportionné et fait à peindre et tel que sont les modèles que se proposent les sculpteurs ; un visage parfait, avec la plus grande mine et le plus grand air qu'homme ait jamais eu. Tant d'avantages relevés par les grâces les plus naturelles incrustées sur toutes ses actions, avec une adresse à tout singulière, et, ce qui n'a peut-être été donné à nul autre, il paraissait avec le même air de grandeur et de majesté en robe de chambre... comme dans la parure des fêtes ou des cérémonies, ou à cheval à la tête de ses troupes. Il avait excellé en tous les exercices et il aimait qu'on les fit bien. Nulle fatigue, nulle injure du temps ne lui coûtait, ni ne faisait d'impression à cet air et à cette figure héroïque ; percé de pluie, de neige, de froid, de sueur, couvert de poussière toujours le même. J'en ai souvent été témoin avec admiration, parce que, excepté des temps tout à fait extrêmes et rares, rien ne le retenait d'aller tous les jours dehors et d'y être fort longtemps. Une voix dont le son répondait à tout le reste, une facilité de bien parler et d'écouter courtement et mieux qu'homme du monde, beaucoup de réserve, une mesure exacte suivant la qualité des personnes, une politesse toujours grave, toujours majestueuse, toujours distinguée, suivant l'âge, l'état, le sexe, et, pour celui-ci, toujours un air de cette galanterie naturelle. Voilà pour l'extérieur, qui n'eut jamais son pareil, ni rien qui en ait approché...
Saint-Simon, Mémoires
Monsieur de Pomponne
À Paris, lundi 1er décembre 1664.
[...] Il faut que je vous conte une petite historiette, qui est très vraie, et qui vous divertira. Le Roi se mêle depuis peu de faire des vers; MM. de Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comme il faut s'y prendre. Il fit l’autre jour un petit madrigal que lui-même ne trouva pas trop joli. Un matin, il dit au maréchal de Gramont : « Monsieur le Maréchal, je vous prie, lisez ce petit madrigal, et voyez si vous en avez jamais vu un si impertinent. Parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons. » Le maréchal, après avoir lu, dit au Roi : « Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu. » Le Roi se mit à rire et lui dit : «N'est-il pas vrai que celui qui l'a fait est bien fat ? – Sire, il n’y a pas moyen de lui donner un autre nom. – Oh bien ! dit le roi, je suis ravi que vous m'en ayez parlé si bonnement; c'est moi qui l'ai fait. - Ah! Sire, quelle trahison! que Votre Majesté me le rende; je l'ai lu brusquement. - Non, Monsieur le Maréchal; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels. » Le Roi a fort ri de cette folie, et tout le monde trouve que voilà la plus cruelle chose que l’on puisse faire à un vieux courtisan. Pour moi, qui aime toujours à faire des réflexions, je voudrais que le Roi en fît là-dessus et qu’il jugeât par là combien il est loin de connaître jamais la vérité. […]
Madame de Sévigné, Lettres