16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 12:08

Il ne faut ternir ce qui est brillant

La nuit …. Toujours.  Une vie sans voir !

 

Elle est née j’avais deux ans et demi, quoi de mieux qu’avoir une petite sœur … une joie.

Mais lorsqu’elle se mit à marcher, elle se buttait dans ce qui se trouvait sur son passage, pourquoi ? Eh bien le verdict fut terrible, non voyante !!!

 

A mon âge, je ne me rendais pas compte mais en grandissant j’eu vite compris, une vie de misère, d’une part pour mes parents qui se rejetaient la faute : c’est toi ! , dans les deux sens ….

De cela j’ai du gérer … toujours ranger les choses aux mêmes endroits, pour que ma sœur ne soit sans cesse perturbée, bien pousser les chaises, bien ranger la vaisselle, une place pour chaque chose et chaque chose à sa place.

 

J’ai fini par la haïr, elle me mangeait mon enfance, ma vie, je la détestais … je lui en voulait, mes parents se disputaient à cause d’elle. Mon père excédé me battait pour un rien … Je devais l’emmener avec moi chercher le pain ou autre, bref c’était l’enfer.

 

Puis un jour j’ai réfléchi … et si j’avais été à sa place, si les rôles avaient été inversés, j’étais une méchante, sans cœur, une sœur indigne !

J’ai vu les choses différemment d’un coup, j’ai enfin compris sa peine, ses angoisses, sa malchance.

J’avais mal ! Elle se rendait compte de son état.

Elle me disait sans cesse : tu as de la chance je ne peux pas broder, ne peux pas coudre, … la journée pour elle était bien longue. Il m’a donc fallu pour la distraire aller lui chercher des livres en Braille, à la bibliothèque des aveugles, par le métro …une valise dans chaque main, l’écriture étant en relief, un livre représentait  plusieurs volumes … Nous n’étions pas bien riche, un seul salaire d’ouvrier et il fallait payer l’internat (obligatoire jusqu’à l’âge de 21 ans) ;  Les fins de mois étaient difficiles, notre père avait un caractère autoritaire, de plus il s’était mis à boire, cela le rendait irascible et méchant. Nous n’avions pas les moyens de posséder une voiture, pas de télévision non plus. Elle s’ennuyait si je sortais avec des amies, elle pleurait jusqu’au soir me disait ma mère.

Je me privais souvent de sortie, pour lui éviter des peines.


Une année, une seule, ma mère l’a mise en colonie, avec son école, la honte …dans le métro à son retour, sa peau était sale, très sale .. les chaussures, pas les mêmes à chaque pied ! Elle n’y est jamais retournée … Sa toilette n’avait pas du être faite pendant son séjour.

 

A son école l’on ne s’occupait vraiment que des enfants ayant la possibilité d’évoluer vers un métier d’avenir : musicien, masseurs, kiné , etc … mais sinon ces enfants étaient quelques peu délaissés. Chaque semaine, étant en internat, elle revenait avec, pour seule leçon … un poème à apprendre.

… J’ai été agacée, quel désintéressement …. J’ai dù lui apprendre le calcul, un peu de géographie, les départements existants en France, etc ….

 

Chaque semaine, le samedi je traversais Paris, par les transports, pour aller la chercher pour le week end. Ma mère était fatiguée, un cancer qui la rongeait en silence … il a été découvert une dizaine d’années plus tard.Puis je faisais mes devoirs ,uniquement ce jour là,pour la semaine à venir, mon père ne voulant pas que je les fasse chaque soir, il faut dire que je n’avais ni chambre ni bureau, difficile de travailler ainsi, sur un bout de table de la salle à manger.

 

 

Puis un jour, partageant le même espace de sommeil,  je me suis aperçue d’un "problème" que je remarquais à cause de l'exiguïté de notre chambre. Elle avait 20 ans, elle allait toujours à cette même école (prévu jusque 21 ans), et elle était ……..enceinte.

Ceci c’était passé à l’intérieur de son internat !!!

Comment se fait-il qu’une école d’handicapés puisse laisser faire ce genre de choses ?  Les filles allant rejoindre les garçons le soir !

N’y avait-t-il aucun surveillant ?… Je pense que l’école est un peu fautive, c’est une chose inadmissible. Que de lacunes, des adolescents livrés à eux-mêmes.

Elle s’est mariée avec le papa, un non voyant également.

 

J’ai du encore m’occuper d’elle, lui confectionner des rideaux pour son appartement, et l'aider à s'installer … Elle a eu son bébé. Mais là encore que de problèmes, les biberons étaient sales,les tétines pas lavées … elle ne voyait rien, ni les saletés, ni les pipis du petit bambin à coté du pot. J’ai passé toutes mes vacances chez elle, pour l’aider, vie de misère toujours et encore …..

 

A ce jour je repense aussi à tous les enfants que j’ai pu y rencontrer. Certains, de petits monstres. Comment un médecin  peut-il laisser vivre de petits êtres, aveugles et difforment ?

Parmi ceux-ci certains ont marqué ma vie à jamais, l’un avait en plus de sa cécité un seul doigt à chaque main, le majeur, un pied bot, et une bosse dans le dos, d’autres des corsets pour maintenir leur colonne vertébrale. J’ai vu aussi des jumeaux de 20 ans, qui à chaque fête de fin d’année arrivaient, poussés par leur mère, dans un fauteuil double, roulant ! Ne pouvant tenir debout, ceux-ci étaient attachés à celui-ci pour les maintenir assis.
Les médecins ont-t-ils pensés à la vie de ces enfants, à la souffrance de leurs parents … Et que deviennent ceux-ci lorsqu’ils restent seuls dans la vie.

 

Comment également certains parents, bien qu’avertis à l’avance par leur médecin, préfèrent mener au bout des grossesses, sachant que leurs petits ne seront pas …… comme les autres.

Ils devraient penser au calvaire qu’ils pourront avoir, d’être différents, et parfois même de grandir, cachés du monde extérieur. Certains établissements accueillent ces enfants … on les place, on les cache,ici ou là, à l’étranger … on les oublie………………..

 

 

En conclusion sa vie fut bien triste, elle a eu trois autres enfants non désirés, et, n’ayant pas été aimée elle même, elle a abandonné sans raison ses quatre bébés, et son mari, pour partir avec un  homme  aux mauvaises mœurs.  Elle  n’a jamais voulu revoir ses enfants qui, eux, auraient bien voulu connaître leur mère,  puis ce fut la débauche, drogue et alcool, elle s’en est allé à 57 ans …. Rongée par un cancer généralisé.

 

Note de Dracip:Ceci est une histoire vraie, hélas!L'auteur a souhaité garder l'anonymat, mais je peux vous dire,pour avoir longuement conversé avec celui-ci  par mail,avant de publier cette histoire,que ceci ne reflète qu'une petite partie de l'histoire triste que cette personne à vécue.  

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commentaires

B
Que nos petits bobos et tracas quotidiens sont bien puérils face à tant de détresse.
Répondre
D
<br /> Et je peux certifier que tout est vrai ds cette histoire triste.<br /> <br /> <br />

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